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… vu par Arlette

Gaudé Laurent ♦ La porte des Enfers

la-porte-des-enfersLaurent gaudé nous raconte l’histoire triste de cette famille qui doit essayer de vivre, après la mort accidentelle de leur fils Pippo, six ans, fauché par une balle perdue lors d’une fusillade entre deux groupes mafieux, dans la Via Forcella (Via = rue, en italien) de Naples, en août 1980.

Son père, Matteo De Nittis qui l’accompagnait dans la rue au moment du drame, voit s’effondrer toute raison d’être. Il restera inconsolable et tentera par tous les moyens d’apaiser sa douleur, alors que Giuliana, la mère, sorte de Colomba napolitaine, ne se résigne pas, lance des imprécations, réclame vengeance et laisse la colère envahir son cœur meurtri. Elle ne tarde pas à demander à son mari de venger son fils, ou de « le faire revenir » contre toute rationalité.

Mattéo n’est plus qu’une ombre et erre dans la ville des nuits entières à bord de son taxi. Giuliana, elle, décide alors de tout quitter et d’oublier son mari et son fils.

Au cours de ses rencontres, Mattéo se fera de nouveaux amis: un travesti, un curé, un patron de bar et un professeur

Un soir d’errance, il laisse monter en voiture une cliente étrange qui, pour paiement de sa course, lui offre à boire dans un minuscule café. Matteo y fera la connaissance de quatre laissés-pour-compte au grand cœur auprès de qui il trouve un peu de réconfort et d’apaisement : Le patron, Garibaldo, roi de l’expresso, qui était capable de créer n’importe quel café, mêlant divers ingrédients pour un café à chaque fois unique qui s’adaptait aux besoins de ses clients, l’impénitent curé don Mazerotti, adepte des causes perdues, contraint de se rendre au café par un tunnel qu’il a lui-même creusé sous peine que les autorités ecclésiastiques qui veulent lui prendre son église parce qu’il accueille des drogués, des putains et des travestis sachent qu’il est sorti et n’en profitent pour l’empêcher d’y revenir, une drôle de prostituée, Graziella, prostituée travestie qui a contraint Matteo à la conduire ici et qui préfère qu’on l’appelle Grace, parce que ça fait « plus chic » et surtout du professeur Provolone, personnage haut en couleur, aux mœurs troubles et aux théories incroyables, aussi érudit que sulfureux, qui tient d’étranges discours sur la réalité des Enfers en prétendant qu’on peut y descendre. D’après lui, il existerait des portes permettant d’accéder au monde souterrain et l’une d’entre elles se trouverait à Naples.

Mattéo se prend alors à espérer et décide de tenter l’impossible, car il veut accomplir la supplique insensée de sa femme Giuliana : ramener leur enfant mort de là où il croupit.

Contre toute attente, Matteo retrouvera Pippo dans l’autre monde et prendra sa place en enfer pour lui permettre de revivre à nouveau… C’est donc Pippo lui-même, revenu sur terre, qui se chargera d’éliminer l’homme qui l’a tué une vingtaine d’années plus tôt. Le roman navigue sans cesse entre ces deux périodes.

Un livre d’amour et de violence, de vie et de mort, de souffrance et de rédemption.

Certains de ses personnages sont excessifs, comme la mère, qui s’ampute les seins. D’autres frôlent le cliché, comme le travesti au grand cœur. Laurent Gaudé nous enchante en revanche avec le roi du percolateur, qui a transmis son art à Pippo : il est sans doute le seul au monde à savoir préparer un café pour chaque humeur et chaque désir. A la manière d’un alchimiste, ajoutant au précieux liquide des épices et des ingrédients en tout genre, il offre à ses clients des boissons pour chaque circonstance : besoin de dormir, de se réveiller, de prendre des forces, d’attendre, de faire naître la volupté… Là, dans ce café, derrière le comptoir, le fantastique a plus de force que dans les Enfers.

L’auteur :

Laurent GaudéLaurent Gaudé, né le 6 juillet 1972 dans le 14ème arrondissement de Paris, est un écrivain français ayant obtenu le prix Goncourt des lycéens et le prix des libraires avec La Mort du roi Tsongor en 2002.

Et en 2004, il est lauréat du prix Goncourt pour son roman Le Soleil des Scorta, roman traduit dans 34 pays.

Il a étudié à l’École alsacienne. Une fois son bac en poche, il se décide à suivre des études littéraires de lettres modernes, jusqu’à la préparation d’une thèse en études théâtrales. Il demandera d’ailleurs que son sujet soit soumis à la direction de l’auteur et metteur en scène dramatique Jean-Pierre Sarrazac.

Après une Maîtrise de lettres à l’Université Paris III, pour laquelle il a soutenu un mémoire intitulé Le thème du combat dans la dramaturgie contemporaine française, sous la direction de Michel Corvin (1994), puis un DEA à la même université, pour lequel il a soutenu un mémoire intitulé Le conflit dans le théâtre contemporain, sous la direction de Jean-Pierre Sarrazac (1998), Laurent Gaudé écrit pour la scène (1999). Passionné par le théâtre, Laurent Gaudé se décide à vivre de sa plume.

C’est à l’âge de vingt-cinq ans, en 1997, qu’il publie sa première pièce, Onysos le furieux, à Théâtre Ouvert. Ce premier texte sera monté en 2000 au Théâtre national de Strasbourg dans une mise en scène de Yannis Kokkos. Il s’agit d’un monologue épique, écrit en seulement 10 jours au printemps 1996.

En 1999, ses efforts se révèlent payants avec la publication de sa pièce, Combats de possédés, parue aux éditions Actes sud à qui il est toujours resté fidèle depuis. Elle sera jouée en Allemagne et lue au Royal National Théâtre de Londres. Tout s’enchaîne alors très vite pour ce jeune auteur : sa pièce, traduite en allemand, est jouée à Essen dans une mise en scène de Jürgen Bosse.

Devant le succès grandissant de son auteur, Actes sud édite en 2001 deux ouvrages de Laurent Gaudé : sa troisième pièce, Pluies de cendres, créée en mars au studio de la Comédie Française, et son premier roman, Cris, dont l’action se déroule dans les tranchées de la Première Guerre mondiale.

En 2002, parution de deux nouvelles pièces : Cendres sur les mains et Le Tigre bleu de l’Euphrate.

Cette même année, Laurent Gaudé revient un temps au roman avec La Mort du roi Tsongor, son deuxième roman, qui lui vaut d’être cité pour le prix Goncourt et surtout d’être récompensé par le prix Goncourt des lycéens et le prix des libraires. Ce roman sera traduit dans 34 pays.

Deux ans plus tard, en 2004, il remporte le prix Goncourt ainsi que le prix du jury Jean-Giono avec son roman Le Soleil des Scorta qui sera également un succès de librairie (80 000 exemplaires vendus entre la parution du roman et l’attribution du prix Goncourt en 2004).

Romancier et dramaturge, Laurent Gaudé est aussi auteur de nouvelles, d’un beau livre avec le photographe Oan Kim, d’un album pour enfants, de scénario. Il s’essaie à toutes ces formes pour le plaisir d’explorer sans cesse le vaste territoire de l’imaginaire et de l’écriture.

Travaillant à Paris, marié à une femme d’origine italienne, Laurent Gaudé prépare alors Le Soleil des Scorta, publié lors de la rentrée littéraire 2004. Ce roman épique, qui raconte la lignée familiale souvent malheureuse des Scorta, remporte le prix Goncourt en 2004. C’est la première fois que l’éditeur Actes sud remporte ce prestigieux prix ; le livre, quant à lui, a déjà reçu un excellent accueil public : il s’était déjà vendu à 80 000 exemplaires avant que le verdict du Goncourt ne soit rendu.

Il est le frère du journaliste Ivan Gaudé (Joystick, Canard PC). Il est le père de deux enfants.

En juin 2015, le vendredi 19 juin, un extrait d’une de ses œuvres, Le Tigre bleu de l’Euphrate (2002), fait l’objet d’un travail de commentaire pour l’épreuve anticipée de français du baccalauréat des filières S et ES. Cette même génération de lycéens avait déjà eu l’occasion d’étudier un extrait de son roman Le Soleil des Scorta (2004) lors de l’épreuve de français du diplôme national du brevet 2013.

Œuvre :

Théâtre

  • Combats de possédés, Actes Sud, 1999
  • Onysos le furieux, Actes Sud, 1997
  • Pluie de cendres, Actes Sud, 2001
  • Cendres sur les mains, Actes Sud, 2002
  • Le Tigre bleu de l’Euphrate, Actes Sud, 2002
  • Salina, Actes Sud, 2003
  • Médée Kali, Actes Sud, 2003
  • Les Sacrifiées, Actes Sud, 2004
  • Sofia Douleur, Actes Sud, 2008
  • Sodome, ma douce, Actes Sud, 2009
  • Mille orphelins, suivi de Les Enfants Fleuve, Actes Sud, 2011
  • Caillasses, Actes Sud, 2012
  • Daral Shaga, suivi de Maudits les Innocents, livrets d’opéra, Actes Sud, 2014

Romans

  • Cris, Actes Sud, 2001
  • La Mort du roi Tsongor, Actes Sud, 2002
  • Le Soleil des Scorta, Actes Sud, 2004 – Existe en version illustrée, par le peintre et illustrateur Benjamin Bachelier, éd. Tishina, 2014
  • Eldorado, Actes Sud, 2006
  • La Porte des Enfers, Actes Sud, 2008
  • Ouragan, Actes Sud, 2010
  • Pour seul cortège, Actes Sud, 2012
  • Danser les ombres, Actes Sud, 2015
  • Ecoutez nos défaites, Actes Sud, 2016

Recueils de nouvelles

  • Dans la nuit Mozambique, 2007 – recueil de quatre nouvelles
  • Voyage en terres inconnues, Magnard, 2008 – recueil de deux nouvelles, issues du précédent recueil

Publication scolaire qui reprend deux nouvelles du recueil Dans la nuit Mozambique : la nouvelle au titre éponyme, et « Sang négrier ».

  • Les Oliviers du Négus, Actes Sud, 2011 – recueil de quatre nouvelles

Littérature jeunesse

  • La tribu de Malgoumi, illustré par Frédéric Stehr, Actes Sud Junior, 2008 – album jeunesse

Photographie

  • Je suis le chien Pitié, avec le photographe Oan Kim, Actes Sud, Hors Collection, 2009

Distinctions :

  • 2001 : Prix Atout Lire de la ville de Cherbourg pour Cris
  • 2002 : Prix Goncourt des lycéens pour La Mort du roi Tsongor
  • 2003 : Prix des libraires pour La Mort du roi Tsongor
  • 2004 : Prix Goncourt pour Le Soleil des Scorta
  • 2004 : Prix Jean Giono pour Le Soleil des Scorta
  • 2004 : Prix du Roman populiste pour Le Soleil des Scorta
  • 2005 : Prix du meilleur livre adaptable au Forum international de littérature et cinéma de Monaco pour Le Soleil des Scorta
  • 2009 : Prix du magazine GAEL pour La Porte des Enfers
  • 2010 : Prix Euregio (Euregio Schüler Literaturpreis) pour Eldorado
  • 2012 : Prix « Lire dans le noir » pour La Mort du roi Tsongor lu par Pierre-François Garel aux éditions Thélème

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