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… vu par Arlette

Theorin Johan ♦ L’heure trouble

L'heure troubleOland, caillou émergeant de l’eau au milieu de nulle part, battu par les tempêtes, balayé par les vents, baignant dans le brouillard. Une poignée d’habitants, pour la plupart âgés, attachés à leur âpre mode de vie, à leurs landes inhospitalières, et au rude climat qui sévit sur l’île.

Dans ce vase clos de taille restreinte et au nombre d’âmes limité, la disparition de Jens, un petit garçon de 7 ans, en septembre 1972, aurait dû être élucidée rapidement. Cette « heure trouble » dont il est question, c’est le crépuscule, le moment où, sur l’île d’Oland, en pleine mer Baltique, un petit garçon échappe à l’attention de son grand-père et escalade le mur de pierre du jardin, avant de s’aventurer pour la première fois sur la lande déserte. Il se perd et rencontre un homme inquiétant, Nils Kant. Il ne réapparaîtra jamais. Pourtant, nulle trace, nulle piste, nul cadavre, nulle hypothèse n’ont été trouvés. Il se murmure bien ici ou là, que Nils Kant aurait pu faire le coup, avant de s’échapper au bout du monde ou de mourir, on ne sait exactement, les histoires racontées le soir au moment de l’heure trouble se transformant peu à peu en légendes.

Vingt ans plus tard, Gerlof, ancien marinier, grand-père de Jens à qui le petit garçon avait été confié le jour de son évaporation, reçoit mystérieusement, via la poste, une sandale qui semble bien être celle que portait le petit disparu. C’est l’occasion pour Gerlof de prendre contact avec sa fille Julia, dont il n’a pratiquement plus de nouvelles. Julia ne s’est jamais remise du drame, souffrant au point de se rendre coupable d’avoir appris à son fiston à lacer ses sandales. Quel aurait été le cours de son destin s’il avait dû demander de l’aide à papy ou mamy pour se chausser avant de quitter leur maison ? Julia n’a plus la force d’exercer son métier d’infirmière, multipliant les arrêts de travail, les consultations en psychiatrie, recherchant dans l’abus de médicaments ou de vin, l’oubli et l’apaisement pour de brèves périodes. Elle ne peut trouver aucun réconfort auprès du père de Jens, qui depuis longtemps a tourné cette page tragique pour « refaire sa vie ».

Qui a intérêt à relancer l’affaire ? Et pourquoi toutes les pistes conduisent-elles à un criminel mort depuis longtemps?

Si le titre du roman est explicite : l’heure trouble, celle du crépuscule, entre chiens et loups, ne fait-il pas également référence au crépuscule de la vie ? Celle de Gerlof en l’occurrence, à cette heure, à ce moment où il désire se mettre en paix avec sa conscience, réparer les injustices, renouer avec sa fille des liens distendus par les drames ou les malentendus. Gerlof a 80 ans sonnés, vit dans une maison de retraite avec la seule compagnie d’une maladie rhumatismale qui restreint son autonomie, il passe le temps en construisant des bateaux dans des bouteilles. Revoir sa fille, l’aider à faire son deuil, à l’apaiser, à tenter de trouver une réponse devient son but, et il trouvera en lui les forces nécessaires pour accomplir cette mission qu’il s’est confiée.

Histoire sur le deuil, la vieillesse et la mort, ainsi que sur les relations familiales.

Numéro un des ventes en Suède, déjà traduit dans une dizaine de pays, ce suspense complexe et envoûtant a été élu meilleur roman policier suédois 2007 par la Swedish Academy of Crime.

L’auteur :

Johan TheorinJohan Theorin, né le 3 septembre 1963 à Göteborg, est un journaliste et romancier suédois, auteur de roman policier.

Sa famille compte des marins, des pêcheurs et, du côté de sa mère, des agriculteurs qui y ont vécu pendant des siècles sur l’île d’Öland, dans la mer Baltique, nourrit culturellement par le folklore insulaire et ses contes étranges. Il a passé tous ses étés dans l’île d Öland au Sud-Est de la Suède où se situe l’intrigue de son roman L’Heure trouble Ce cadre revient dans certains romans ultérieurs de l’écrivain.

Il exerce le métier de journaliste, puis écrit de courtes histoires publiées dans des revues et anthologies.

En 2007 paraît son premier roman L’Heure trouble (Skumtimmen) (Meilleur Roman Policier Suédois 2007). Traduit en vingt-cinq langues, le roman est adapté au cinéma par Daniel Alfredson en 2013. Ce premier roman est suivi par L’Écho des morts (Nattfåk, 2008), qui remporte le prix du meilleur roman policier suédois et le prix Clé de verre, et par Le Prix du sang (Blodläge, 2010) et Rörgast (2013) pour former une sorte de quatuor romanesque dont l’action se déroule principalement sur l’île d’Öland.

En 2010, lors de la remise du prix international « Crime Writers’ Association », Johan Theorin rafle le prix au nez et à la barbe de son compatriote, feu Stieg Larsson, pourtant considéré depuis le succès de Millénium comme le nouveau roi du policier suédois, et de la littérature scandinave en générale.

Son premier roman L’Heure Sombre bat ainsi le best-seller planétaire La Reine dans le palais des courants d’air, troisième volet de la trilogie Millénium.

Les trois romans de Theorin, qui fût journaliste (comme Larsson) se situent tous sur l’île baltique d’Öland. Depuis sa plus tendre enfance, l’écrivain en est un visiteur régulier. Il en apprécie le caractère bipolaire : accueillant et solaire en été, désert, inquiétant et morne en hiver. L’île est profondément enracinée dans sa généalogie, ses ancêtres –marins-pêcheurs, fermiers – prenant part au folklore local, et aux légendes étranges racontées par les plus vieux habitants.

À travers ce régionalisme, ses romans (L’Heure trouble, L’Écho des morts et Le Sang des pierres, paru en mars 2011, tous chez Albin Michel) se parent d’un réalisme souvent perturbant et d’accents surnaturels. Son dernier roman, Fin d’été, a remporté le Prix du meilleur polar suédois en 2015.

Johan Theorin réside toujours dans sa ville natale de Göteborg.

Œuvre :

Romans :

Série du Quatuor de l’île d’Öland

  • Skumtimmen (2007) – Publié en français sous le titre L’Heure trouble, traduit par Rémi Cassaigne
  • Nattfåk (2008) – Publié en français sous le titre L’Écho des morts, traduit par Rémi Cassaigne – Prix du meilleur roman policier suédois 2008 ; Prix Clé de verre 2009
  • Blodläge (2010) – Publié en français sous le titre Le Sang des pierres, traduit par Rémi Cassaigne
  • Rörgast (2013) – Publié en français sous le titre Fin d’été, traduit par Rémi Cassaigne

Autre roman

  • Sankta Psyko (2011) – Publié en français sous le titre Froid mortel, traduit par Rémi Cassaigne

Recueil de nouvelles

  • På stort alvar (2012)

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