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Indridason Arnaldur ♦ La cité des jarres

La cité des jarresPremier roman de la série connu du public, La cité des jarres est pourtant le 3ème mettant en scène Erlendur Sveinsson, cet inspecteur de Reykjavik cinquantenaire si typique.

Titre original : Mýrin (2000) – traduit de l’islandais par Éric Boury – 2006

On fait donc sa connaissance. Il doit élucider un meurtre qui va le mener à découvrir des faits sordides de viols, de meurtres et de maladies génétiques. On fait la connaissance de ses enfants, principalement sa fille Eva Lind, adulte, mais droguée, et de surcroit enceinte, de son fils qui l’a rejeté, de sa femme qui même au bout de 20 ans de séparation l’agonit encore d’injures. On découvre ses collègues et ses relations avec son entourage… D’où l’intérêt de lire La cité des jarres avant les autres enquêtes du commissaire, même si les histoires sont indépendantes.

Pourquoi l’inspecteur Erlendur use-t-il sa mauvaise humeur à rechercher l’assassin d’un vieil homme, Holberg, qui semblait bien sous tous rapports vient de mourir assassiné dans son appartement à coup de cendrier et qui est un bien triste sire: violeur, auteur de plusieurs viols restés impunis, amateur de pornographie dans ses versions les plus abjectes: de la zoophilie à la pédophilie, dans l’ordinateur duquel on découvre des photos pornographiques immondes et, coincées sous un tiroir, la photo de la tombe d’une enfant de quatre ans?

Pourquoi mettre toute son énergie à trouver qui a tué celui qui s’avère être un violeur? Pourquoi faire exhumer avec quarante ans de retard le cadavre de cette enfant? A quoi sert cette collection de bocaux contenant des organes baptisés pudiquement la Cité des Jarres? Pourquoi nos enfants nous font-ils toujours souffrir? Pourquoi partout dans le monde la vie de flic est toujours une vie de chien mal nourri?

L’enquête le mènera dans différentes sphères du milieu médical, de la médecine légale à la recherche génétique. Car Holberg était atteint d’une maladie génétique rare qu’il a transmise à certains de ses descendants.

L’auteur aborde d’ailleurs en filigrane un point fort intéressant de l’actualité islandaise de ces dernières années : l’accord conclu entre le gouvernement et l’entreprise Decode Genetics. Cette entreprise a obtenu à la fin des années 90 le droit d’utiliser les données génétiques de la population islandaise pour la recherche mais également à des fins commerciales, et bien sûr totalement mercantiles. La Cour suprême islandaise a finalement annulé cet accord en 2003, mais cette histoire a fait l’objet d’une certaine polémique. Il égratigne la sécurité concernant le programme national de données ainsi que les prélèvements sauvages d’organes à l’hôpital et dans les morgues pour les besoins de l’université et des recherches.

Ce livre écrit avec une grande économie de moyens transmet le douloureux sens de l’inéluctable qui sous-tend les vieilles Sagas. Il reprend leur humour sardonique, l’acceptation froide des faits et leurs conséquences lointaines.

La Cité des Jarres a obtenu le prestigieux prix Clé de verre du roman noir scandinave. Il figure en tête des listes des best-sellers en Allemagne, Suède et Hollande.

L’auteur :

Arnaldur IndridasonArnaldur Indriðason, né le 28 janvier 1961 à Reykjavík, est un écrivain islandais, fils de l’écrivain Indriði G. Þorsteinsson, né en 1926, dans le nord de l’Islande qui vivait dans le plus grand dénuement ayant été élevé dans une maison en tourbe.  Comme presque tous les Islandais, il est désigné par son prénom, Arnaldur. Son patronyme (qui, selon la tradition islandaise, est une simple marque de filiation, « Fils de Indrid », pour le distinguer de d’autres Arnaldur) est parfois transcrit par Indridason comme dans ses livres traduits en français, alors que la translittération correcte devrait être Indridhason, le dh se prononçant comme le th dans l’anglais the.

En 1996, Arnaldur Indriðason obtient un diplôme en histoire à l’université d’Islande. Journaliste au Morgunblaðið en 1981-1982, il devient scénariste indépendant.

De 1986 à 2001, il travaille comme critique de films pour le Morgunblaðið. Aujourd’hui, il est l’auteur de quinze romans policiers dont 7 ont été traduits en français — dont plusieurs sont des best-sellers.

Arnaldur Indriðason publie son premier livre, Synir duftsins (littéralement « Fils de poussière », inédit en français) en 1997. Cette publication marque pour certains, comme Harlan Coben, le départ d’une nouvelle vague islandaise de fiction criminelle. Aux côtés d’Arni Thorarinsson, également auteur islandais de polars, Arnaldur déclare qu’« il n’existe pas de tradition de polar en Islande. [à cet état de fait, il y a deux raisons.] L’une tient en ce que les gens, y compris les écrivains, considéraient les histoires policières comme des mauvais romans […]. La deuxième raison, c’est que beaucoup d’Islandais ont longtemps cru en une sorte d’innocence de leur société. Très peu de choses répréhensibles se produisaient, et le peu de faits divers ne pouvaient pas donner lieu à des histoires policières. Ce qui explique qu’à [leurs] débuts, Arni Thorarinsson ou [Arnaldur ont] eu du mal à (s’)imposer [dans les milieux littéraires islandais]. »

Il fut nommé à maintes reprises écrivain le plus populaire d’Islande.

En 2004, ses livres ont fait partie des dix livres les plus empruntés à la Bibliothèque municipale de Reykjavík.

Les livres d’Arnaldur ont été publiés dans 26 pays et traduits en allemand, danois, anglais, italien, tchèque, suédois, norvégien, néerlandais, catalan, finnois, espagnol, portugais et français.

Les principaux romans d’Arnaldur Indriðason mettent en scène la même équipe d’enquêteurs, dont l’abrupt Erlendur torturé par la disparition de son frère alors qu’il n’était qu’un enfant et tourmenté par sa fille toxicomane. Ce sont ces souffrances et les conditions qui les ont engendrées qui intéressent particulièrement Arnaldur car « le bonheur se suffit à lui-même, il n’y a rien à en dire ». Ses romans sont régulièrement des prétextes à un voyage dans le passé, tel l’Homme du lac, où l’enquêteur Erlendur trouve un squelette vieux de quarante ans, faisant appel au passé communiste d’une partie des Islandais durant la guerre froide. Arnaldur déclare à ce propos : « Je m’intéresse aussi aux squelettes qui collent aux basques des vivants. Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les « squelettes vivants », pourrait-on dire. Mes romans traitent de disparitions, mais ils ne traitent pas principalement de la personne qui a disparu, plus de ceux qui restent après la disparition, dans un état d’abandon. Je m’intéresse à ceux qui sont confrontés à la perte. Ce sont ces gens-là que j’appelle les « squelettes vivants » : ils sont figés dans le temps. […] J’aime beaucoup remonter le temps, et envoyer mes personnages sur les traces du passé. J’aime exhumer des événements oubliés. Le temps en tant que concept est quelque chose qui m’intéresse énormément – la manière dont le temps passe, mais aussi son influence, les conséquences de son passage sur nos vies. J’aime déceler les liens entre une époque et une autre. Évidemment, la thématique du temps est une partie très importante des histoires que je raconte, que ce soit son pouvoir destructeur ou son pouvoir de guérison qu’il peut avoir. Même si dans « La Femme en vert » Erlendur déclare que le temps ne guérit aucune blessure. »

 Dans L’Homme du lac, l’écrivain s’appuie sur une donnée géologique réelle : le lac de Kleifarvatn à vingt-cinq kilomètres au sud de Reykjavik, se vide périodiquement. C’est ainsi que, dans le livre, une hydrologue découvre un squelette sur le fond sablonneux.

Deux de ses œuvres : « La Cité des jarres » et « Hiver arctique » ont reçu, en 2002 et 2003, le Prix Clé de verre, la plus haute distinction scandinave.

Il a également gagné le « Gold Dagger Award », prix littéraire britannique, en 2005 pour « La Femme en vert », et son roman « L’Homme du lac » (Métailié, 2008) a reçu lePrix polar européen du Point.

En 2011, il reçoit le 1er Prix Boréales-région Basse-Normandie du Polar Nordique à l’occasion de ce festival.

Cet écrivain partage désormais une reconnaissance internationale avec Arni Thorarinsson, Jon Hallur Stefansson, Stefan Mani et Yrsa Sigurðardóttir, eux aussi traduits en français.

Arnaldur Indriðason a adapté trois de ses livres pour la radio du service audiovisuel islandais RÚV. Le producteur islandais Baltasar Kormákur a travaillé à une adaptation de Mýrin, La Cité des Jarres (titré Jar City en français et sorti en France en septembre 2008).

Snorri Thórisson travaille sur une production internationale de Napóleonsskjölin. Arnaldur Indriðason est actuellement en collaboration avec l’Icelandic Film Fund pour l’écriture de deux scénarios d’après deux de ses nouvelles.

Il vit à Reykjavík avec sa femme et ses trois enfants. Les deux auteurs ayant fortement influencé Arnaldur Indriðason sont Maj Sjöwall et Per Wahlöö, deux écrivains suédois qui ont imaginé, dans les années 1960, les aventures de l’inspecteur Martin Beck.

Romans de la série du commissaire Erlendur Sveinsson :

  • Synir duftsins (1997) – Inédit en français
  • Dauðarósir (1998) – Inédit en français
  • Mýrin (2000) – La Cité des jarres / trad. de l’islandais par Éric Boury – 2006
  • Grafarþögn (2001) – La Femme en vert / trad. de l’islandais par Éric Boury – 2006
  • Röddin (2002) – La Voix / trad. de l’islandais par Éric Boury – 2007
  • Kleifarvatn (2004) – L’Homme du lac(en) / trad. de l’islandais par Éric Boury – 2008
  • Vetrarborgin (2005) – Hiver arctique / trad. de l’islandais par Éric Boury – 2009
  • Harðskafi (2007) – Hypothermie / trad. de l’islandais par Éric Boury – 2010
  • Myrká (2008) – La Rivière noire / trad. de l’islandais par Éric Boury – 2011
  • Svörtuloft (2009) – La Muraille de lave / trad. de l’islandais par Éric Boury – 2012
  • Furðustrandir (2010) – Étranges Rivages / trad. de l’islandais par Éric Boury – 2013
  • Einvígið (2011) – Le Duel / trad. de l’islandais par Éric Boury.
  • Reykjavíkurnætur (2012) – Les Nuits de Reykjavik / trad. de l’islandais par Éric Boury.
  • Kamp Knox (2014) – Le lagon noir / trad. de l’islandais par Éric Boury – 2016

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