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… vu par Arlette

De Kérangal Maylis ♦ Ni fleurs ni couronnes

Ni fleurs ni couronnesPrintemps 1915, un naufrage au sud de l’Irlande, un jeune homme et une inconnue partent en mer repêcher les noyés.

Été 2003, une expédition nocturne sur les pentes du Stromboli, deux voyageurs et une jeune femme aux prises avec leurs vertiges volcaniques.

Dans le premier, Maylis de Kérangal imagine une anecdote qu’elle imbrique à un célèbre fait divers : le torpillage, en 1915, par la marine allemande, du bateau de croisière le Lusitania. Cet événement, survenu au large des côtes irlandaises, provoque la rencontre entre le jeune Finnbarr et une jeune fille dont on ignore le nom. Entre ces deux-là, naît une sorte de connivence tacite et immédiate, sans doute nourrie de leur même besoin de fuite.
Finnbarr, grand gaillard taiseux, pourvu de mains larges comme des battoirs, a brusquement fui à bord d’une barque son village natal où, depuis le départ de ses deux frères, il se sent bien seul et a l’impression de s’enterrer. C’est par hasard s’il a échoué à Georgetown -point de départ vers l’Amérique- au moment du drame.
Elle, est venue pour tenter de retrouver le corps de son amant, passager du Lusitania, mais on devine qu’il ne s’agit là que d’un prétexte pour tout simplement partir, tenter ailleurs un nouveau départ. Leur complicité se consolide autour du repêchage de cadavres, activité macabre à laquelle ils vont, comme tant d’autres et contre la promesse d’une récompense, se livrer plusieurs jours durant.

A l’ambiance grisâtre et miséreuse de l’Irlande du début du XXe siècle, succède l’image, lumineuse, et brûlante, du Stromboli, un peu moins d’un siècle plus tard. Les corps ne se cachent plus, s’exhibent au contraire avec naturel, simplicité, et conservent malgré tout ce mystère nourri de leur magnétisme.

Il est là aussi question de rencontre, du partage d’un moment furtif mais intense. Pierre et Clovis ont décidé d’interrompre un travail commun par une courte pause, et ont choisi pour ce faire de passer trois jours sur l’île, au cours desquels une ascension nocturne du volcan est prévue. Ils y font la connaissance d’Antonia, fille libre et solide… le duo devient trio, provoquant inévitablement un déséquilibre…

Deux récits en miroir pour faire entendre le souffle des corps qui se libèrent, dire la matérialité physique et poétique du monde qui les contient et concilie leurs gestes, la tension entre l’animé et l’inerte, entre le mort et le vivant.

Ces deux petits romans sont bien ficelés. Bien que très différents dans l’époque, dans les personnages, dans les lieux et dans le style de l’écriture, ils racontent tous les deux la rencontre entre des jeunes hommes et femmes.

L’auteur :

Maylis de KerandalMaylis de Kerangal est une femme de lettres française, née le 16 juin 1967 au Havre.

Fille et petite-fille de capitaine au long cours,  elle passe son enfance au Havre. Sa maman est enseignante.

De 1985 à 1990, elle fait une classe préparatoire au lycée Jeanne-d ‘Arc de Rouen et ensuite elle va à Paris pour faire une hypokhâgne et deux khâ­gnes où elle étudie l’histoire, la philosophie et l’ethnologie. Sa maîtrise portait sur les cartographes, les cosmographies de la Renaissance. Elle a passé un an au département des Cartes et plans à la bibliothèque Richelieu. Puis elle est allée à l’Ecole des hautes études pour faire de l’anthropologie.

Au début des années 1990, elle est engagée comme éditrice jeunesse aux éditions Gallimard aux côtés de Pierre Marchand et pour s’occuper de guides de voyage, avant de faire deux séjours aux États-Unis, à Golden dans le Colorado en 1997. Elle reprend sa formation en passant une année à l’EHESS à Paris en 1998.

Elle publie son premier roman, Je marche sous un ciel de traîne, en 2000, suivi en 2003 par La Vie voyageuse, puis par Ni fleurs, ni couronnes en 2006, Dans les rapides en 2007 et par Corniche Kennedy en 2008. Ce dernier roman figure cette année-là dans la sélection de plusieurs prix littéraires comme le Médicis ou le Femina.

Elle crée en même temps les Éditions du Baron Perché spécialisées dans la jeunesse où elle travaille de 2004 à 2008, avant de se consacrer à l’écriture. Elle participe aussi à la revue Inculte.

Son roman Naissance d’un pont est publié en 2010. Selon elle, « il s’agit d’une sorte de western, autrement dit d’un roman de fondation, et la référence à ce genre cinématographique opère dans le texte, l’écriture travaille en plan large, brasse du ciel, des paysages, des matières, des hommes, et resserre sa focale sur les héros qui sont toujours pris dans l’action, dans la nécessité de répondre à une situation. ». Le 3 novembre 2010, l’ouvrage remporte à l’unanimité et au premier tour le prix Médicis. Le livre remporte aussi le Prix Franz Hessel et est, la même année, sélectionné pour les prix Femina, Goncourt, et Flore. Le Prix Franz Hessel permet à l’ouvrage de bénéficier d’une traduction en allemand, parue en 2012 chez Suhrkamp.

En 2011, elle est l’une des participantes du Salon du livre de Beyrouth au BIEL (Beirut International Exhibition & Leisure Center).

En 2012, elle remporte le prix Landerneau pour son roman Tangente vers l’est paru aux éditions Verticales.

En 2014, elle est la première lauréate du Roman des étudiants France Culture-Télérama (ancien Prix France Culture-Télérama), pour son roman Réparer les vivants qui a été aussi couronné par le Grand prix RTL-Lire 2014 ainsi que par le Prix des lecteurs de l’Express-BFM TV. Dans cet ouvrage, elle suit pendant 24 heures le périple du cœur du jeune Simon, en mort cérébrale, jusqu’à la transplantation de l’organe.

Œuvres :

Romans, nouvelles :

  • Je marche sous un ciel de traîne – 2000, 222 p.
  • La Vie voyageuse – 2003, 240 p.
  • La Rue – 2005, 92 p.
  • Ni fleurs ni couronnes – 2006, 135 p.
  • Maylis de Kerangal (texte), Robin Goldring (peint.), La Peau d’une fille qui rentre de la plage – 2006, 31 p.
  • Maylis de Kerangal et Coll., Inculte, Spécial coupe du monde – 2006, 212 p.
  • Dans les rapides – 2007, 111 p.
  • Corniche Kennedy – 2008, 177 p.
  • Collectif, Minimum Rock’n’Roll : Binocles Œil de Biche & Verres Fumés – 2008, 176 p.
  • Maylis de Kerangal & Joy Sorman (dir.), Coll., Femmes et sport : regards sur les athlètes, les supportrices, et les autres – 2009, 153 p.
  • Naissance d’un pont – 2010, 320 p.
  • Maylis de Kerangal (texte), Benoît Grimbert (photographies), Pierre Feuille Ciseaux – 2012, 88 p.
  • Tangente vers l’est – 2012, 134 p.
  • Réparer les vivants – 2013, 281 pÀ ce stade de la nuit – 2014, 80 p.

Albums pour enfants :

  • Maylis de Kerangal (texte), Alexandra Pichard (illustrations), Nina et les oreillers – ‎ 2011, 28 p.

Distinctions

  • Prix Médicis 2010 pour Naissance d’un pont (au premier tour). Le livre est la même année en sélection pour les prix Femina, Goncourt et Flore.
  • Prix Franz Hessel 2010 pour Naissance d’un pont
  • Prix Landerneau 2012 pour Tangente vers l’est
  • Grand prix RTL-Lire 2014 pour Réparer les vivants
  • Roman des étudiants – France Culture-Télérama 2014 pour Réparer les vivants
  • Prix Orange du Livre 2014 pour Réparer les vivants
  • Prix du 37ème prix Relay des Voyageurs 2014 pour Réparer les vivants
  • le prix littéraire Charles-Brisset attribué par l’Association française en psychiatrie 2014 pour Réparer les vivants
  • le premier Prix Paris Diderot-Esprits libres 2014 pour Réparer les vivants
  • le Prix des lecteurs L’Express/BFMTV 2014 pour Réparer les vivants

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