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… vu par Arlette

McCoy Sarah ♦ Un goût de cannelle et d’espoir

Un goût de cannelle et d'espoirCe roman traite des derniers jours, des derniers mois de l’Allemagne nazie, empreints de brutalité, de faim, de peur.

Il faut avoir connu un enfant juif et s’être rendu compte qu’il était fait de chair et d’os, comme vous, pour l’aimer. C’est ce qui est arrivé à Elsie, jeune allemande de 17 ans.

Il faut avoir enfanté et ressenti l’amour infini envers son propre enfant pour se rendre compte qu’Hitler n’est finalement qu’un tyran exploitant les jeunes femmes purement aryennes justes aptes à être fécondées. C’est ce qui est arrivé à Hazel, jeune allemande.

Il faut avoir assisté à l’arrestation brutale de son maitre vénéré, juif, pour se rendre compte que les Juifs sont des gens comme vous. C’est ce qui est arrivé à Josef, jeune officier nazi.

En novembre 2007, pour les besoins d’un article, Reba Adams, journaliste à El Paso, Texas, où elle vit avec Riki, garde-frontière, qui doit écrire un article sur Noël à travers le monde, se rend dans la boulangerie allemande que tiennent Elsie Meriwheter le personnage principal de son interview, qui a quitté Garmisch, en Bavière, après la guerre de 1940-1945 et a épousé un médecin américain qu’elle a connu pendant l’occupation, et sa fille Jane. Reba ignore que ce reportage changera sa vie. Au milieu des brötchen, des schaumküsse et autres lebkuchen, des confidences vont être échangées. Car, même si Reba est réticente, elle comprend vite qu’il va falloir se livrer elle aussi si elle compte obtenir un peu plus que des banalités sur les traditions de Noël en Allemagne.

Malgré elle, la jeune femme ne peut s’empêcher de revenir encore et encore dans cette boutique chaleureuse où elle est accueillie en amie par les odeurs de pain frais et de cannelle et la bonne humeur des propriétaires. Mais comment pourrait-elle raconter une enfance auprès d’un père vétéran du Vietnam traumatisé et d’une mère qui voulait envers et contre tout sauver les apparences ? Comment s’ouvrir aux autres, prendre le risque de les aimer alors qu’elle a vu les ravages de l’amour chez sa mère ? Comment parler de sa relation avec Riki, un homme qui l’aime, qui veut l’épouser et qu’elle fait souffrir par peur de souffrir elle-même ?

Au contact d’Elsie, si simple et si douce, Reba se métamorphose tout en découvrant la vie de la vieille dame.

En 1944, Elsie Schmidt avait 16 ans et travaillait aux côtés de ses parents dans la boulangerie familiale à Garmisch, petite ville des Alpes bavaroises en Allemagne. Malgré les restrictions, les pâtisseries fument à la boulangerie Schmidt.

Et entre ses parents patriotes, sa correspondance avec ssœur Hazel qui a rejoint volontairement un lebensborn pour y mettre au monde les enfants de la patrie, avec ses enfants nés d’un fiancé SS mort avant le mariage,  son prétendant officier dans l’armée nazie, le régime nazi qui imposait ses lois, la guerre et ses restrictions, la jeune Elsie vit de cannelle et d’insouciance.

C’est lors d’une soirée de bal que tout bascule : Elsie reçoit une bague de fiançailles gravée de caractères hébraïques. Elle y est quasi-violée par un officier SS et c’est un jeune garçon juif qui vient à son secours.

Les Schmidt étaient allemands, ils aimaient leur pays et faisaient confiance au Führer. Bien sûr la guerre mettait l’Allemagne à feu et à sang. Bien sûr les juifs de Garmisch étaient emmenés, leurs biens réquisitionnés. Mais il y avait tant d’espoir, de joie et d’optimisme pour un avenir meilleur qu’on fermait volontiers les yeux. Pourtant Elsie ne peut s’empêcher de se poser des questions. Les hommes de la Gestapo lui semblent violents et sans scrupules, les lettres de sa sœur prennent une tournure de plus en plus pessimiste et Tobias, l’enfant juif qui a chanté comme un ange au Noël nazi mérite-t-il le triste sort qu’on lui réserve ? Plus que la fierté d’appartenir à la race supérieure, c’est la peur qu’elle ressent au fond de son cœur, mais aussi une envie d’autre chose, loin des souffrances et des lois iniques.

Le respect des lois, Riki en a fait son credo. Et son métier aussi. Il surveille la frontière entre les Etats-Unis, son pays, et le Mexique d’où déferlent des vagues de clandestins prêts à tout pour un morceau du rêve américain. Ses parents aussi ont émigré, mais légalement, après des années de patience pour obtenir un visa et, plus tard encore, une nouvelle nationalité. Alors les lois doivent être les mêmes pour tout le monde et ceux qui l’enfreignent sont renvoyés vers la misère et la violence. Pourtant, petit à petit, ce discours bien intégré se délite. Il y a plus en plus de femmes et d’enfants à tenter la traversée de la frontière. Méritent-ils le traitement que leur infligent les lois sur l’immigration ? Sont-ils des voyous parce qu’ils aspirent à une vie meilleure ?

Le tour de force de Sarah McCoy est de nous présenter des personnages qui ne sont jamais dans la caricature. L’officier SS n’est pas un monstre sanguinaire et antisémite qui tue sans se poser de questions, les allemands ne sont pas le peuple belliqueux qu’on nous décrit trop souvent. Et même les  »gentils » n’agissent pas toujours par pure bonté d’âme, poussés plutôt par la force des choses et hésitant sans cesse entre le désir de protéger un inconnu ou sa dénonciation pour protéger sa propre famille. Le système nazi endoctrinait le peuple dès le plus jeune âge et laissait peu d’options à celui qui y était réfractaire. Il fallait beaucoup de courage pour s’opposer à un régime qui tuait ses ennemis à tour de bras.

L’auteur :

Sarah MacCoyNée en 1980 à Fort Knox, Kentucky. Elle est fille d’un officier de l’armée de l’Oklahoma et d’un professeur d’école primaire portoricaine.

A l’âge de deux ans, les parents, ses deux petits frères et elle déménagent à Francfort, en Allemagne. Tous les deux ans par la suite, son père étant officier dans l’armée, elle déménagera jusqu’à l’âge de ses treize ans. Elle grandit à proximité des installations militaires. Ensuite, son père ayant changé de poste n’eut plus à déménager. Elle vécut alors en Virginie, à Norfolk, durant quatorze ans.

Sarah MacCoy a présenté son premier ouvrage (un petit livre) qu’elle avait écrit à sa mère alors qu’elle était encore à l’école maternelle. La couverture était des tulipes sur une pelouse.

Tout au long de ses études primaires et secondaires,  elle trouvait toutes sortes de raisons pour se cacher dans les bibliothèques, ivre de lecture et des possibilités d’écriture.

Ceci l’a conduite à l’université de Virginia Tech pour l’obtention d’une spécialisation en journalisme et relations publiques. Elle travailla en même temps pour payer ses études. Elle devint coordonnateur des relations publiques dans une entreprise chimique à Richmond en Virginie. Elle passait ses journées à rédiger des bilans techniques et ses nuits à écrire des romans de fiction.

Elle a ensuite obtenu, dans la même université, une maîtrise en anglais création littéraire. Son fiancé de l’époque (qui deviendra son mari) était à l’école médicale près de son université.

Après l’obtention de leur diplôme, et son mari ayant eu une bourse d’étude de l’armée pour les effectuer, ils sont allés à Fort Bliss, à El Paso, au Taxas, pour sa résidence militaire. Il devint médecin orthopédiste.

Elle vit à El Paso au Texas avec son mari et ils font de fréquents séjours en Allemagne pour leurs vacances.

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