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… vu par Arlette

Stefánsson Jón Kalman ♦ Entre ciel et terre

Entre ciel et terreC’est l’histoire d’un jeune islandais, sans plus aucune famille après le décès en mer de son père, puis de sa mère et sa sœur d’une vilaine grippe qui sévit régulièrement, pêcheur plus par nécessité que par choix,

parti chercher la morue en mer comme cela se faisait à l’époque, sur une barque instable dans une mer toujours dangereuse, rendue salée par les larmes des noyés.

Le jeune homme s’est lié d’amitié avec un personnage plus âgé Bárður, lui aussi plus porté vers l’imaginaire et les livres que vers son métier de pêcheur.

Les faits se déroulent il y a un siècle dans un village de pêcheurs à la morue où il règne un froid glacial qui peut se révéler meurtrier.

Dans « Entre ciel et terre », les pêcheurs ne partent pas de Bretagne pour une longue campagne de pêche. Ils sont Islandais et partent pour une journée de pêche, quand les conditions le permettent, dans une grosse barque de six pêcheurs, du fjord du nord-ouest de l’Islande où des équipes de pêcheurs sont rassemblées, bivouaquant tant bien que mal, pour s’élancer tels des participants à une course mortelle, au petit matin sur des éléments pas trop déchaînés pour remonter à la ligne ces poissons voraces que sont les morues. Six pêcheurs par barque, chacun a son rôle bien défini. Tout est important et vital dans le rituel de la pêche, chacun a sa place, le danger est toujours présent d’autant plus qu’aucun pêcheur ne sait nager. Il faut donc ramer au petit matin, affronter le grand froid, supporter le mal de mer, être fort physiquement … et survivre.

« Certains mots sont probablement aptes à changer le monde. Ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon.

Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires.

Parfois, à cause des mots, on meurt de froid. Comme Bárður, trop occupé à retenir des vers du Paradis perdu de Milton, et qui oublie sa vareuse en partant en mer. Un oubli qui lui sera fatal. Il meurt de froid sous le banc de la barque de pêche.

Son ami surnommé « le gamin », jeune pêcheur de 20 ans, inconsolable, entame un périlleux voyage pour rendre le livre, ce livre funeste à son propriétaire, un vieux capitaine, sorte de mentor littéraire du regretté Bárður, devenu aveugle. Pour savoir aussi s’il veut continuer à vivre. Car «Le gamin» cherche un sens à la vie. Il n’est pas fait pour être marin. Il est fait pour la beauté des mots, la magie de la poésie. Il est envoûté par le pouvoir des vers, qui lui font découvrir un ailleurs, une possibilité, autre chose que le labeur et la douleur.

Pendant sa marche dans la neige, il se résout à mourir une fois sa mission accomplie, afin de retrouver son ami, mais aussi tous les êtres chers qui ont déjà dépeuplé son existence.

Son chemin le mènera vers un abri, un foyer, où d’autres comme lui connaissent les ténèbres de l’existence. Arrivé au terme de son périple, il rencontre le capitaine Kolbeinn, Helga et Geirbrudur qui forment une étrange trinité.

Le gamin est hésitant, il se sent souvent idiot, maladroit. Et pourtant il recèle un trésor, une grande sensibilité que certains sauront découvrir en lui.

Entre ciel et terre, d’une force hypnotique, nous offre une de ces lectures trop rares dont on ne sort pas indemne. Une révélation…

La mer, la vie, la mort, le deuil, le suicide, l’amour, l’amitié, l’adversité, la nature, la cruauté d’un monde inhospitalier, la solitude tant de thèmes abordés et tant d’arrêts sur image pour pouvoir s’imprégner et se laisser envoûter.

L’auteur :

Jon kalman StefassonJón Kalman Stefánsson, né le 17 décembre 1963 à Reykjavik, est un auteur islandais. Il grandit à Reykjavík et à Keflavík.

Après avoir fini ses études au collège en 1982, il travailla en Islande de l’ouest (par exemple dans les secteurs de la pêche et de la maçonnerie). Il entreprit ensuite des études en littérature à l’université d’Islande de 1986 à 1991, mais sans les terminer. Pendant cette période, il donna des cours dans différentes écoles et rédigea des articles pour le journal Morgunblaðið. Ensuite, de 1992 à 1995, il vécut à Copenhague, où il participa à divers travaux et s’adonna à une lecture assidue. Il rentra en Islande et s’occupa de la Bibliothèque municipale de Mosfellsbær jusqu’en 2000.

Depuis, il se consacre à la production de contes et de romans.

Il a publié huit romans jusqu’à aujourd’hui dont quatre traduits en français : sa trilogie et le roman « D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds » en 2015. Ses textes dépeignent avec humour une Islande rurale et quelque peu idéalisée avec des personnages assez singuliers et originaux, mais toutefois sympathiques.

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