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… vu par Arlette

Sampero José Luis ♦ Le sourire étrusque

Le sourire étrusqueSalvatore Roncone, vieux paysan calabrais attaché à sa terre et à ses traditions, doit se rendre à l’évidence. Pour combattre cette bête qu’il nomme la « Rusca » et que les médecins appellent le cancer, qui lui dévore peu à peu le ventre et le tue, il doit quitter son village natal et partir en convalescence chez son fils à Milan.

Milan que le Calabrais déteste, Milan et sa fureur, sa solitude, sa laideur aussi et sa vie sans goûts ni odeurs. Milan et son fils, qu’il croit ne plus connaître et sa belle-fille qui ne vient pas du même monde. Milan ou l’enfer. Cet enfer qui va pourtant lui offrir son dernier amour – un amour franc et total, plus fort que tout – en la personne de son petit-fils Bruno qui a juste un an et qu’il ne connaît pas…

A l’origine, son combat contre le cancer (qu’il nomme La rusca) a pour objectif de gagner une seconde guerre contre un vieil ennemi, le fasciste du village, auquel il veut absolument survivre. Pourtant, cette motivation va rapidement s’estomper au profit d’une autre bien plus noble, l’urgence de voir grandir son petit-fils en lui divulguant moult conseils du terroir mais surtout de partisan. Ce très jeune enfant, grâce à qui il recevra un regain de vie l’amènera à utiliser toute son énergie d’homme d’honneur au caractère très fort (La Calabre !) pour devenir son premier compagnon « à travers ce temps qui les réunit », afin de lui faire passer des messages d’homme à homme, et d’effectuer auprès de lui sa secrète « mission nocturne ».

Nostalgique de ses montagnes calabraises et des saveurs de son terroir, terriblement méfiant à l’égard de la ville et de ses mœurs, le vieil homme vit cette expérience, comme un nouveau maquis qui requiert toute sa vigilance et sa ruse. Ses souvenirs de guerre, sans cesse, remontent à sa mémoire, pour se mêler à son quotidien citadin, pour nourrir son analyse de la situation, quitte à le déformer, pour notre plus grand plaisir.
Puis, l’évolution de Salvatore, (et de ceux qui l’entourent) fera subrepticement germer des graines d’humanité enfouies dans la ville insipide et bétonnée, mais aussi dans la vie rigide et triste de sa famille et de sa nouvelle amie.

Haut en couleurs, phallocrate, narcissique, péniblement attachant et exigeant, ce vieux partisan exhorte son entourage à ne pas « confondre les images avec la réalité »

L’écriture de José Luis Sampedro est d’une douceur infinie. Il aborde dans ce roman touchant l’approche de la mort, la remise en question et développe le thème de l’apprentissage dans un langage d’une clarté limpide. Nourri de ce talent de la simplicité, Le Sourire étrusque est l’œuvre de la transcendance, celui de la mort par l’amour.

Dans ce roman plein de tendresse, d’humour et d’émotion, l’approche de la mort et la vieillesse offrent encore de formidables moments de bonheur et d’apprentissage.

Ce roman jongle entre humour et sérieux tout en nous replongeant dans la 2ème guerre mondiale, la politique, l’économie…

L’auteur :

José Luis SamperoJosé Luis Sampedro, né à Barcelone le 1er février 1917 et mort à Madrid le 8 avril 2013 (à 96 ans), est un écrivain et économiste espagnol.

Au moment de sa naissance, sa famille déménage à Tanger, où il vit jusqu’à l’âge de 13 ans. Son incorporation aux forces armées durant la guerre d’Espagne fait l’objet de publications peu fiables.

Après avoir obtenu une place de fonctionnaire des douanes à Melilla il déménage à Madrid, où il fait des études de sciences économiques. Il les termine en 1947 avec le Prix extraordinaire. Il commence à travailler dans la Banque extérieure d’Espagne et donne dans le même temps des cours à l’université.

En 1955 il devient professeur de structure économique à l’Université complutense de Madrid, poste qu’il occupera jusqu’en 1969, tout en exerçant divers postes dans la Banque extérieure d’Espagne.

Entre 1969 et 1970, il devient professeur visiteur des universités de Salford et de Liverpool. À son retour en Espagne il demande une disponibilité de l’Université Complutense et entre au Ministère des Finances. En 1976 il retourne dans la Banque extérieure d’Espagne. En 1977 il est nommé sénateur par décision royale, poste qu’il occupe jusqu’en 1979.

En parallèle de son activité professionnelle comme économiste, il publie divers romans. Après sa mise à la retraite, il se consacre à l’écriture. Il obtient un grand succès avec son roman Le sourire étrusque. En 1990 il est nommé membre de l’Académie royale espagnole.

En 2004, il reçoit la Médaille d’or du mérite des beaux-arts par le Ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sports.

En 2008, il a reçu la Médaille de l’Ordre de Charlemagne de la Principauté d’Andorre.

En 2011, il préface la version espagnole du livre de Stéphane Hessel, Indignez-vous !.

Il obtient en 2011 le Prix national des Lettres espagnoles.

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