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… vu par Arlette

Didierlaurent Jean-Paul ♦ Le liseur du 6h27

Le liseur du 6h27Guylain Vignolles, dont la contrepèterie malheureuse du patronyme «Vilain Guignol » n’a jamais cessé de le blesser, depuis les rires moqueurs de ses petits camarades d’enfance jusque dans les regards ironiques de ses congénères à l’âge adulte, a tout fait pour devenir invisible.

Aussi anonyme que possible, il a décidé de «se fondre dans le paysage jusqu’à se renier soi-même pour rester un ailleurs jamais visité»… Il est préposé au pilon et mène une existence maussade et solitaire, rythmée par ses allers-retours quotidiens à l’usine.

Le voilà à 36 ans qui mène une existence terne et étriquée dans la solitude de son petit studio avec un poisson rouge Rouget de Lisle, cinquième du nom, pour toute compagnie. Comble d’horreur, cet homme qui adore les livres n’a rien trouvé de mieux que de travailler dans une usine où l’on broie du papier !! Tous les invendus se retrouvent là pour terminer leur brève existence.

Chaque matin en allant travailler, comme pour se laver des livres broyés, il lit à voix haute dans le RER de 6H27 les quelques feuillets qu’il a sauvés la veille des dents de fer de la Zerstor 500, le mastodonte mécanique dont il est le servant. Jour après jour, il fait fonctionner la Zerstor 500, un diable de machine vorace qui mange même les rats et les jambes des ouvriers négligents comme celles de Giuseppe ! Quelques éclaircies viennent toutefois illuminer çà et là cette vie maussade et solitaire en compagnie de personnages hauts en couleurs et généreux : Guiseppe, cet italien au grand cœur qui consacre sa vie à retrouver ses jambes éparpillées dans l’édition des sept-cents cinquante-huit exemplaires de « Jardins et Potagers d’autrefois », le gardien d’usine féru de poésie qui s’exprime en alexandrins, ou encore les sœurs Delacôte, qui s’ennuient dans leur maison de retraite…

Un jour, Guylain découvre une clé USB abandonnée sur un strapontin qui contient les pensées intimes d’une jeune femme, Julie, dame-pipi dans un grand centre commercial. A la lecture de ce journal, Guylain tombe peu à peu sous le charme de la demoiselle et va tout faire pour la retrouver…Ses textes vont changer le cours de sa vie…

Voilà un petit ouvrage gentillet, le premier roman d’un auteur d’origine vosgienne, nouvelliste déjà récompensé par plusieurs prix littéraires. C’est un joli conte moderne gentiment moralisateur. Mais il devient trop lisse, trop policé et débordant de bons sentiments.

Avec ce premier roman, Jean-Paul Didierlaurent nous offre un livre qui fait du bien, qui se lit et se déguste comme une sucrerie, nous touche et nous émeut par sa tendresse et sa délicatesse. Un pur plaisir de lecture, dans la même veine que « La liste de mes envies » ou « La femme au carnet rouge », « le liseur de 6h27 » fait partie de ces romans qui adoucissent et embellissent le quotidien par leur sincérité et leur générosité. Une écriture simple mais agréable, un humour décapant, une quête amoureuse palpitante, tous les ingrédients sont là pour faire de cette lecture une jolie découverte!

L’auteur :

Jean-Paul DidierlaurentJean-Paul Didierlaurent est un écrivain français, né le 2 mars 1962 à la Bresse dans le département des Vosges.

Après des études à Nancy (D.U.T de publicité), il est monté travailler quelques temps à Paris avant de retourner dans les Vosges

Il a découvert le monde de la nouvelle en 1997, avec un premier concours, avant de remporter de nombreux prix: prix de la ville de Nanterre en 2004 et 2005, prix de la communauté Française de Belgique en 2005 et de la Libre Belgique en 2006, prix de la nouvelle gourmande de Périgueux en 2008.

Ses premières productions littéraires sont des nouvelles. Parmi celles-ci, Brume lui permet d’obtenir le Prix international Hemingway. La nouvelle paraît dans un recueil intitulé Brume : et autres nouvelles du Prix Hemingway 2010, paru aux éditions Au Diable Vauvert en 2010. Il remporte le même prix en 2012, pour Mosquito, publié chez le même éditeur dans le recueil Mosquito: et autres nouvelles du Prix Hemingway 2012.

En 2015 sort le recueil de nouvelles Macadam, aux éditions Au Diable Vauvert, qui rassemble des nouvelles, pour la plupart primées.

Son premier roman, « Le liseur du 6h27 » (2014), édité au Diable Vauvert, connait un succès fulgurant. Environ 25 pays acquièrent les droits de traduction.

Employé au service client chez Orange après avoir longtemps répondu aux renseignements téléphoniques, l’habitant de la station de la Bresse, dans les Vosges, grand-père depuis mai 2014, n’en est qu’à son premier roman, mais il court désormais les salons littéraires.

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