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… vu par Arlette

Tartt Donna ♦ Le petit copain

Le petit copainL’action du « Petit Copain » se situe dans l’une de ces petites villes du Sud des Etats-Unis, Alexandria, modeste bourgade arc-boutée aux champs de coton du Mississippi, où la Guerre de Sécession n’a pas en fait changé grand-chose aux mentalités, où tout le monde se connaît ou presque, où les castes de couleur, d’orientation religieuse et de statut social sont encore très marquées et rythment la vie quotidienne et les relations humaines.

D’un côté, les riches qui vont se baigner au Country Club et ne connaissent pas de problèmes financiers. C’est à ce milieu qu’appartient notre jeune héroïne, Harriet Cleve Dufresne, 12 ans pour l’Etat-Civil mais au moins 18 par la puissance de raisonnement et la fermeté du caractère.

Harriet vit dans une grande maison à l’abandon avec sa mère, Charlotte, que l’assassinat d’une rare violence non résolu de son fils, douze ans plus tôt, a fait sombrer dans une dépression profonde errant dans sa propre maison tel un fantôme, sa sœur Allison, adolescente rêveuse qui s’offre quelques petites escapades en voiture avec un garçon dont elle est amoureuse, et Ida Rhew, la domestique noire qui s’occupe de la maison depuis des lustres.

Autour de cette cellule primitive qui n’a jamais oublié le cadavre du petit Robin, 9 ans, retrouvé pendu à un arbre, dans le jardin alors que la fête pour son anniversaire battait son plein, croisent la mère de Charlotte, Edith, dite « Edie », et ses sœurs : Libby, Adelaïde et Tatycorum et, de temps à autre, le père de Harriet, Allison et Robin : Dixon Dufresne qui s’est séparé de sa femme à la mort de leur fils et vit à Nashville.

Lors de l’été de ses douze ans, la jeune fille à bout se révolte. Elle décide de découvrir qui a tué Robin et de se venger de celui qui lui a volé son enfance. Elle enquête, fouille les archives, fouine dans tous les coins, harcèle ses proches pour découvrir quelques indices.

Ida Rhew affirme à Harriet que la seule personne qui ait pu assassiner son frère n’est autre que Danny Ratcliff, l’un des rejetons d’une famille de « Red Neks » (« pauvres blancs » qui, déjà avant la Guerre Civile, trimaient tout seuls sur le lamentable carré de coton qui leur appartenait), et qui avait l’habitude de passer devant la maison des Dufresne pour inciter Robin à jouer avec lui.

Ida paraît si sûre de ce qu’elle avance que, peu à peu, l’idée vient à Harriet de liquider à son tour celui qui a tué son frère aîné et ruiné la santé de sa mère.

Mature, froide, prête à tout, rien ne peut alors la dissuader d’aller au bout de ses plans. Elle sait que pour y parvenir, elle doit renoncer à sa propre adolescence et à ses rêves, affronter et défier le monde inconnu et menaçant des adultes. Dure et déterminée, elle manipule son petit copain, Hely, tout à fait subjugué et amoureux d’elle, pour l’aider à accomplir son dessein.

Dès lors, sa route ne cesse de croiser celle de la famille Ratliff, une famille de Red Necks complètement dégénérés : Curtis, un petit garçon attardé qui est dans la classe de Harriett – Eugène son frère aîné, prédicateur dément au visage balafré – Gum, leur grand’mère perverse – Farish, un autre frère psychopathe drogué qui fabrique des amphétamines dans sa caravane, et Danny enfin, qui sort de prison, mais qui n’est pas un mauvais bougre, même si son environnement familial semble le vouer à de sombres destinées. Il a été dans sa petite enfance, malgré son milieu plutôt glauque et sa pauvreté, le « petit copain » de Robin, le frère disparu de Harriett, et profondément malheureux de sa mort. Ce que Harriett ignore, toute à son idée fixe de vengeance.

Avec une aveugle cruauté, lentement, les fils se tissent, et le projet fou de tuer Dany en le faisant mordre par un serpent conduit les deux enfants à commettre par erreur un attentat contre la grand’mère de Danny qui en réchappe. Cet évènement provoque la paranoïa de Farish, le frère drogué, et allume une fureur meurtrière entre les deux frères Danny et Farish qui se détruisent l’un l’autre. Farish est abattu par Dany qui est envoyé en prison tandis que Harriett se retrouve à l’hôpital après une séance un peu trop prolongée dans l’eau contaminée d’une citerne.

Hely s’est détaché de cette petite copine dangereuse et manipulatrice.

Charlotte, la mère de Harriett renvoie Ida la bonne noire, seule figure maternelle dont Harriett acceptait la tutelle et l’autorité. Liby, la vieille tante douce et accueillante, la préférée des enfants, meurt dans un accident de voitures. Harriett est vraiment seule, cette fois, face à sa responsabilité dans le monde réel, un monde d’adultes où les actes pèsent de tout leur poids. Elle comprend que toute sa vengeance a reposé sur une méprise.

L’auteur :

Litterature. Donna Tartt, ecrivain. Portrait RDVDonna Tartt, née le 23 décembre 1963 à Greenwood au Mississippi, est une femme écrivain américaine, essayiste et critique.

Elle a grandi dans la ville de Grenada, voisine de sa ville de naissance. Donna Tartt a écrit son premier poème à l’âge de 5 ans et elle a été publiée pour la première fois à treize ans, dans une revue littéraire du Mississippi.

Elle a étudié au Bennington College dans le Vermont et là elle s’est liée d’amitié avec l’écrivain Bret Easton Ellis, à qui elle a dédicacé son chef-d’œuvre, Le Maître des illusions, publié en 1993 et traduit en 24 langues.

C’est à ce moment qu’elle a commencé à l’écrire, livre qu’elle a mis huit ans à terminer.

Ce roman fut un grand succès de librairie, étant vendu à plus de cinq millions d’exemplaires.

Dix ans après Le Maître des illusions, Donna Tartt publie son deuxième livre : Le Petit Copain. Bien que critiqué par certains des lecteurs du premier roman, Le Petit Copain reste dans le style précis et descriptif des personnalités développées par la romancière. Bien que critiqué par certains des lecteurs du premier roman, Le Petit copain reste dans le style extrêmement précis et descriptif des personnalités développées par la romancière. Il confirme le talent, le savoir-faire et le génie hors du commun de Donna Tartt.

Onze ans plus tard, elle récidive avec Le Chardonneret, qui obtient le prix Pulitzer de la fiction. Cet impressionnant roman de plus de 800 pages rencontra l’an dernier un succès colossal partout dans le monde.

De passage à Paris, à l’occasion de la promotion de son roman, la toute jeune quinquagénaire à la silhouette gracile, androgyne, toujours vêtue de noir, le visage pâle comme une lune, l’œil vert malicieux, nous confirmait travailler toujours de manière artisanale. «J’écris à la main, avec différentes couleurs d’encre et de papier pour m’y retrouver sur plusieurs années.»

Pour ce livre, la romancière a pourtant modifié deux paramètres importants de sa fiction. La durée, puisque l’action de ses précédents romans s’étalait sur quelques semaines. Cette fois, c’est sur près de quinze ans. Et la géographie. Alors que Le Maître des illusions se déroulait dans le Vermont et Le Petit Copain dans le Mississippi, Le Chardonneret tourne autour de trois axes: New York, Las Vegas et Amsterdam.

Ambition est donc le maître mot de ce troisième opus qui nous invite à suivre un certain Theo Decker, de ses treize ans jusqu’à ses vingt-sept ans.

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