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Kennedy Douglas ♦ les charmes discrets de la vie conjugale

Les charmes discrets de la vie conjugalePour ses intellectuels de parents, Hannah Buchan est une vraie déception. À vingt ans, au lieu de grimper sur les barricades et de se fondre dans l’ébullition sociale des années soixante-dix, elle n’a d’autre ambition que d’épouser son petit ami médecin et de fonder une famille.

Hannah est pourtant la fille d’un universitaire qui milite activement contre la guerre au Viêt-nam et possède un épais dossier au FBI. Sa mère aussi, artiste-peintre reconnue, est une forte personnalité. Elle cherche désespérément, comme elle l’admet elle-même, à recevoir l’approbation maternelle. Arrivée à la conclusion que, de toute façon, elle ne l’obtiendra jamais, Hannah jette en quelque sorte l’éponge et prend le contrepied de ce que sa mère souhaitait pour elle.

Installée dans une petite ville du Maine, Hannah goûte aux charmes très, très discrets de la vie conjugale.

Elle a assez vite un enfant, le petit Jeff, l’un de ces bébés qui, malheureusement pour leur mère, mettent au moins trois ans à distinguer la nuit du jour. Evidemment, son mari, qui a trouvé un poste à l’hôpital de la petite ville de Pelham, ne peut guère l’aider. Mais, même s’il le pouvait, il ne le voudrait pas et ça, tandis que le lecteur le comprend très vite, Hannah, elle, a le tort de le comprendre aussi mais de le refouler

C’est alors que le hasard lui offre l’occasion de sortir du morne train-train de son quotidien : malgré elle, Hannah va se rendre complice d’un grave délit.

Un jour, alors que Dan est parti en catastrophe au chevet de son père moribond, la jeune femme reçoit la visite de Tobias Judson, ancien élève de son père et gauchiste impénitent qui entretient d’excellentes relations avec les Black Panthers. Tobias lui fait tout d’abord son numéro de charme, finit par l’attirer au lit et ensuite – ensuite seulement – lui révèle qu’il est en fuite, après avoir « soutenu » deux Panthers ayant fait sauter une bombe à Chicago. Consciente d’avoir été manipulée, Hannah pense à le flanquer dehors mais Judson – qui est une ordure finie- lui met le marché en main : ou elle l’aide à passer la frontière canadienne, ou il révèle tout à son mari et, en prime, déclare au FBI qu’elle est sa complice. Judson expédié au Canada, l’incident pourrait se clore sans plus attendre. Et, effectivement, c’est ce qui semble se produire.

Trente ans plus tard survient le 11 septembre, et avec lui le temps du doute, de la remise en question, de la suspicion. Le passé d’Hannah va ressurgir inopinément. Et du jour au lendemain, son petit monde soigneusement protégé va s’écrouler…

Judson est de retour aux Etats-Unis et a troqué ses atours de gauchiste exalté contre la défroque – non moins exaltée – de l’évangélique bon teint, qui a serré la main de Dabelyou à la Maison Blanche et désormais prêche vertueusement le repentir à tout va. Comme on ne peut vivre d’amour et d’eau fraîche – surtout pas quand on est un évangéliste américain – Tobias publie aussi ses mémoires dans lesquels il dépeint son aventure avec Hannah comme un véritable roman d’amour entre deux gauchistes sans foi ni loi.

Le destin d’une femme à travers les mutations de son temps, les mystères de l’union conjugale, l’électrique confrontation entre aspirations progressistes et valeurs conservatrices…

L’auteur :

Douglas KennedyDouglas Kennedy, né le 1er janvier 1955 à Manhattan, New York, est un écrivain américain qui décrit d’un œil acerbe certains côtés des États-Unis d’Amérique, dénonçant notamment le paradoxe du puritanisme religieux.

Il grandit dans l’Upper West Side, étudie à la Collegiate School (le plus vieux lycée de New York) et au Bowdoin College dans l’État du Maine, avant de partir un an au Trinity College de Dublin en 1974.

De retour à New York, il passe plusieurs mois à travailler, sans succès comme régisseur dans des théâtres de Broadway.

En mars 1977, entre deux productions, il décide de partir à Dublin pour rendre visite à des amis. Vingt-six ans plus tard, il habite toujours de ce côté-ci de l’Atlantique.

À Dublin, il devient cofondateur d’une compagnie de théâtre. Il rejoint ensuite le National Theatre of Ireland en tant qu’administrateur de la branche expérimentale. Il y passe cinq années (1978-1983), pendant lesquelles il commence à écrire, la nuit.

En 1980, il vend sa première pièce à la chaîne de radio britannique BBC Radio 4 qui lui en commandera deux autres. La pièce est aussi diffusée en Irlande et en Australie. Suivent deux autres pièces radiophoniques, également diffusées sur Radio 4.

En 1983, il démissionne de son poste au National Theatre of Ireland pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Pour survivre, il devient journaliste indépendant, notamment pour l’Irish Times où il tient une rubrique de 1984 à 1986.

En 1986, sa première pièce pour la scène est un échec désastreux, tant critique que public. Peu de temps après, l’Irish Times supprime sa rubrique.

En mars 1988, il déménage à Londres, au moment où son premier livre, un récit de voyage, est publié. Deux autres suivront. Ces trois livres reçoivent un très bon accueil critique. Parallèlement, sa carrière de journaliste indépendant connaît également un essor.

En 1994, paraît son premier roman « Cul-de-sac ». En 1997, il est porté à l’écran par Stephan Elliott, le réalisateur de Priscilla, folle du désert.

Son deuxième roman, « L’Homme qui voulait vivre sa vie », connaît un succès international. Il est traduit en seize langues et fait partie de la liste des meilleures ventes.

Son troisième roman, « Les Désarrois de Ned Allen » est aussi un bestseller et un succès critique, traduit en quatorze langues.

« La Poursuite du bonheur » marque un changement radical. Après trois romans que l’on pourrait décrire comme des thrillers psychologiques, il opte pour une histoire d’amour tragique. Il reçoit un excellent accueil critique. « La Poursuite du bonheur » est traduit en douze langues et se retrouve en course pour le Prix des Lectrices de Elle.

Ont suivi « Rien ne va plus » (Belfond, 2002 ; Pocket, 2004), Prix littéraire du Festival du cinéma américain de Deauville 2003, « Une relation dangereuse » (Belfond, 2003 ; Pocket, 2005) qui confirme son succès critique et public, « Au pays de Dieu » (Belfond, 2004 ; Pocket, 2006), l’un de ses trois récits de voyage, « Les Charmes discrets de la vie conjugale » (Belfond, 2005 ; Pocket, 2007), « La Femme du Vème » (Belfond, 2007 ; Pocket, 2009), « Quitter le monde » (Belfond, 2009 ; Pocket, 2010) et « Cet instant-là » (Belfond, 2011).

Parfaitement francophone, divorcé (il a été marié de 1985 à 2009 à Grace Carley, conseillère politique au Royaume-Uni, au ministère de la Culture) et père de deux adolescents, Max et Amelia, Douglas Kennedy vit entre Londres, Paris, Berlin et Wiscasset dans l’État du Maine où il a acheté une maison.

Il est aujourd’hui un des auteurs favoris des Français, avec plus de 5 millions d’exemplaires vendus pour l’ensemble de son œuvre (toutes éditions confondues), dont plusieurs romans sont en cours d‘adaptation cinématographique.

À paraître en mai 2012, « Combien ? », son troisième récit de voyage rédigé à la fin des années 1980 et inédit en France. Dans la lignée d’ »Au pays de Dieu » et d’ »Au-delà des pyramides », une odyssée à travers les places financières du monde pour une étude drôle et piquante sur notre rapport à l’argent. Loin des clichés, porté par la plume géniale de Douglas Kennedy, un document qui n’a rien perdu de son actualité, bien au contraire…

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