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… vu par Arlette

Houellebecq Michel ♦ Soumission

SoumissionUne anticipation dans laquelle un parti musulman remporte la présidentielle contre le Front national.

Le Front national de Marine Le Pen, qui a déjà perdu le scrutin de 2017, subit la loi d’une alliance UMP, UDI, PS, associée à la Fraternité musulmane, parti inventé par l’auteur. Son leader, Mohammed Ben Abbes, finit par être élu et choisit François Bayrou comme premier ministre.

L’histoire se place dans un futur proche : Le récit s’articule autour d’un professeur d’université de littérature parisienne, spécialisé dans l’œuvre d’Huysmans, qui sent venir la fin de sa vie sexuelle et sentimentale, avec pour seule perspective la vacuité et la solitude, et qui nous raconte sa vision des bouleversements politiques en France.

L’environnement décrit au début du roman est inquiétant: des affrontements réguliers entre jeunes identitaires cagoulés et jeunes salafistes ont lieu, les médias semblent – par crainte d’un embrasement généralisé- ne pas relayer toutes les informations, le pays paraît être au bord de la guerre civile.

Après le deuxième mandat de François Hollande, les partis traditionnels ont définitivement perdu la confiance des électeurs. Le second tour met en scène le Front National de Marine Le Pen et la Fraternité Musulmane de Mohammed Ben Abbes, musulman modéré. Après une campagne acharnée, c’est ce dernier qui l’emporte grâce au soutien du « front républicain ». Les premiers changements se mettent en place : islamisation de l’éducation, légalisation de la polygamie, etc.

Ce roman est, à bien y réfléchir, la suite logique de « La carte et le territoire ».

Dans ce dernier livre, la France avait renoncé à toute ambition sur la scène internationale et se contentait de vendre son patrimoine culturel aux riches touristes étrangers. Dans « Soumission », elle a pleinement assimilé le fait qu’elle n’a plus rien à offrir à personne et que ses idéaux ne sont plus que des coquilles vides. N’importe quel système de valeur un peu sûr de soi peut les pousser du pied pour prendre leur place. Ben Abbes est d’ailleurs décrit comme le seul homme politique français à avoir une vision claire, et ambitieuse, de l’avenir qu’il souhaite pour son pays.

Si la campagne électorale a mené le pays au bord de la guerre civile, une fois le dénouement connu, c’est plutôt le calme qui règne. Les changements culturels s’effectuent dans l’apathie la plus totale. Comme si, finalement, on était bien content que la farce s’arrête enfin, et soulagé de pouvoir s’installer douillettement dans un système qui a au moins le mérite de savoir où il veut aller. Parmi les changements notables découlant de cette élection, la France est pacifiée, le chômage chute, les universités sont privatisées et islamisées, les professeurs doivent être musulmans pour pouvoir enseigner, la polygamie est légalisée, les femmes n’ont plus le droit de travailler et doivent s’habiller d’une manière « non-désirable ». L’élite intellectuelle du pays abandonne toute velléité de critique, et se contente de profiter des avantages que lui offre le nouveau régime. La polygamie, notamment, permet de régler le problème de la misère sexuelle de l’homme moderne, autre thème cher à Houellebecq.

L’auteur a choisi l’Islam parce que le contexte actuel s’y prêtait, mais ce pourrait être n’importe quelle religion : Une fois au pouvoir, elle exclut ceux qui n’y adhèrent pas, ou les force à l’adopter pour être intégrés.

 Dans le roman, la religion musulmane n’est pas confondue avec les extrémistes : Le Président passe au contraire pour être modéré et faire des concessions. En réalité, même s’il l’est moins qu’il ne veut le dire et a pour ambition un empire européen musulman (prenant exemple sur l’Empire romain), il a été élu démocratiquement et son instauration est pour l’heure non violente. Pour cela, il se fait des alliés des anciens partis politiques en leur cédant des places au Gouvernement dans toutes les branches… sauf l’éducation, jugée comme source principal du pouvoir – autrement dit du formatage intellectuel.

Houellebecq se sert d’un contexte proche du nôtre, les élections présidentielles en 2022, avec une majorité d’acteurs politiques (Hollande, Bayrou…) et journalistiques (David Pujadas) connus qui impliquent que ce scénario pourrait nous arriver. Ce n’est pas non plus pour rien que notre personnage principal fait partie du domaine de l’enseignement : Houellebecq montre ainsi comment, en prenant le contrôle du pôle stratégique de la politique voulue, on peut contrôler le pays tout entier. Plusieurs personnages politiques réels apparaissent dans le roman parmi lesquels François Hollande et Manuel Valls, respectivement président et Premier ministre jusqu’en 2022, Marine Le Pen, candidate malheureuse au second tour de l’élection présidentielle de 2022, François Bayrou qui est choisi comme Premier ministre par Mohammed Ben Abbes ou encore Jean-François Copé.

Soumission est un roman de Michel Houellebecq, paru le 7 janvier 2015 aux éditions Flammarion.

Le livre rencontre dès sa sortie un immense succès, se vendant en seulement 5 jours à plus de 120 000 exemplaires. Un mois après sa sortie, le livre se serait vendu sur le seul territoire français à plus de 345 000 exemplaires et aurait pris la tête des ventes dans trois pays européens: en France, en Italie et en Allemagne.

A la suite des attentats contre Charlie Hebdo le 7 janvier, l’écrivain décide de suspendre la promotion de son livre en France avec effet immédiat.

L’auteur :

FRANCE-LITERATURE-ANIMALS-PRIZE-GONCOURTMichel Houellebecq a déclaré le 27 janvier 2015 être sous surveillance policière.

Michel Houellebecq (miʃɛl wɛlˈbɛk), né Michel Thomas, à la Réunion, le 26 février 1956 (acte de naissance), ou en 1958 (selon lui), est un écrivain français. Poète, essayiste, romancier et réalisateur, il est, depuis la fin des années 1990, l’un des auteurs contemporains de langue française les plus connus et traduits dans le monde.

  Son père, guide de haute montagne, et sa mère, médecin anesthésiste, se désintéressent très vite de lui, tandis que naît une demi-sœur quatre ans après lui. D’ailleurs, cette période de sa vie et cette solitude seront exprimées avec force dans ses romans. Dans un premier temps, ce sont ses grands-parents maternels, en Algérie, qui le prennent en charge.

  Puis, à six ans, il est confié à sa grand-mère paternelle Henriette, communiste, dont il a adopté le nom de jeune fille comme pseudonyme. Il vit à Dicy (Yonne), puis à Crécy-la-Chapelle.

  Après avoir été lycéen à Meaux, il suit les classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Chaptal de Paris et intègre, en 1975, l’Institut national agronomique Paris-Grignon (INA P-G). À l’Agro, il fonde l’éphémère revue littéraire « Karamazov » pour laquelle il écrit quelques poèmes et entame le tournage d’un film intitulé « Cristal de souffrance ».

  Sa grand-mère meurt en 1978.

  Il sort diplômé de l’école en 1978 avec une spécialisation (fortuite) en « Mise en valeur du milieu naturel et écologie ».

  Il entre ensuite à l’École nationale supérieure Louis-Lumière, en section « cinématographe » (option prise de vues), mais en sort en 1981, avant d’avoir obtenu son diplôme. Cette même année naît son fils Étienne.

Il connaît ensuite une période de chômage, et un divorce qui engendre une profonde dépression nerveuse qui le conduit à faire plusieurs séjours en milieu psychiatrique.

Il débute en 1983 une carrière en informatique chez Unilog, puis au ministère de l’Agriculture, où il restera trois ans (cette période est racontée dans Extension du domaine de la lutte) et, enfin, à l’Assemblée nationale.

Il côtoie dans les années 90 Marc-Édouard Nabe, dont il est voisin d’immeuble. Mais les deux écrivains en devenir ne peuvent que constater leurs divergences esthétiques.

Michel Houellebecq publie en 1991 la biographie de Howard P. Lovecraft, « Contre le monde, contre la vie », et collabore à de nombreuses revues dont Les Inrockuptibles. Il devient secrétaire administratif à l’Assemblée nationale et signe « Rester vivant ».

En 2000, il s’exile en Irlande puis, en 2002, il s’installe en Andalousie, dans le parc naturel de Cabo de Gata-Nijar.

Il publie en 1991 la biographie de Howard P. Lovecraft, « Contre le monde, contre la vie », et collabore à de nombreuses revues dont Les Inrockuptibles. Il devient secrétaire administratif à l’Assemblée nationale et signe « Rester vivant ».

Ses deux premiers recueils de poèmes parus en 1991 passent inaperçus. L’ensemble des thèmes des livres à venir y sont déjà traités : solitude existentielle, dénonciation du libéralisme à l’œuvre jusque dans l’intimité des individus. Les deux recueils suivants seront primés (prix Tristan Tzara, en 1992, pour « La Poursuite du bonheur » et prix de Flore, en 1996. Mais c’est par la prose que l’auteur accédera au succès public.

En 1994, son premier roman, « Extension du domaine de la lutte », est publié par Maurice Nadeau après avoir été refusé par de nombreux éditeurs. Il fait de Houellebecq le précurseur d’une génération d’écrivains décrivant la misère affective de l’homme contemporain. Loué sur France Inter par Michel Polac et au Cercle de minuit par Laure Adler, le roman rencontre un succès public relatif (comparativement aux 30 000 exemplaires vendus lors de la sortie des « Particules élémentaires » quatre ans après), mais deviendra rapidement « culte ».

Il est adapté au cinéma en France par Philippe Harel en 1999 et, à la télévision danoise, par Jens Albinus en 2002.

En 1998, « Les Particules élémentaires », son roman suivant, provoque un tapage médiatique, dû en partie à l’exclusion de son auteur de la revue « Perpendiculaire » à laquelle il appartenait, pour incompatibilité d’idées. Le comité de rédaction de la revue publie dans « Le Monde » une tribune attaquant Houellebecq sur ses idées sociales et politiques présumées. Cette polémique est largement exploitée par l’éditeur Flammarion qui cesse de financer la revue en question. « Perpendiculaire » cesse de paraître et Houellebecq bénéficie d’un surcroît de visibilité.

  À la surprise générale, « Les Particules élémentaires » n’obtient pas le prix Goncourt, décerné à Paule Constant pour « Confidence pour confidence », roman que la presse démolira et que Houellebecq jugera « complétement nul ». Il obtient cependant le prix Novembre, décerné par un jury dans lequel figure Philippe Sollers, cité dans le roman, et est élu par la rédaction de la revue Lire « meilleur livre de l’année 1998 ».

  Houellebecq a partagé avec son traducteur, Frank Wynne, le prix IMPAC 2002 pour « Atomised », traduction des Particules élémentaires.

  Houellebecq a aussi signé les paroles de l’album « Présence humaine », proche du style de sa poésie. Il n’hésite pas à chanter ou plutôt à parler sur son album, qu’il a également interprété lors de quelques concerts, accompagné du groupe « AS Dragon ».

  En 2004, Michel Houellebecq fait l’objet d’un « transfert » de son ancien éditeur, Flammarion, vers les éditions Fayard, au sein du groupe « Hachette Livre » qui, lui-même appartient au puissant groupe Lagardère ; cela avec des conditions financières inhabituelles dans l’édition française et l’assurance de voir son futur roman porté sur le grand écran.

Lors de la rentrée littéraire 2005, il occupe, avec « La Possibilité d’une île », pour lequel il reçoit le prix Interallié, une grande partie des pages « culture » des médias, éclipsant les 600 autres nouveautés de la « rentrée littéraire ». Toutefois, les ventes du livre sont finalement, moindres que prévu (300 000 exemplaires vendus contre 400 000 espérés).

  En 2007, Houellebecq travaille sur la pré-production du film « La Possibilité d’une île » tiré de son roman, film qu’il réalise lui-même avec Benoît Magimel dans le rôle principal. Lors de la sortie sur les écrans, en 2008, le film est un échec commercial et critique.

En 2008, Houellebecq publie « Ennemis publics », une série d’échanges épistolaires par e-mails avec Bernard-Henri Lévy.

  Il est révélé par les romans « Extension du domaine de la lutte » et, surtout par « Les Particules élémentaires » qui le fait connaître d’un large public.

Ce dernier roman, et son livre suivant « Plateforme », sont considérés comme précurseurs dans la littérature française, notamment pour leur description au scalpel, mais non sans humour, de la misère affective et sexuelle de l’homme occidental dans les années 1990 et 2000.

  En 2010, il publie « La Carte et le Territoire » chez Flammarion, pour lequel il obtient le prix Goncourt 2010. Ayant plusieurs fois échoué à remporter ce prix pour lequel il avait déjà été pressenti, Michel Houellebecq déclare « [Maintenant que j’ai le Goncourt], on ne se demandera pas si je vais avoir le Goncourt ou non la prochaine fois, ce sera moins de pression, plus de liberté, même si j’ai toujours été assez libre ».

  De façon générale, Houellebecq accorde une place importante à son œuvre d’essayiste. Il est intervenu dans Les Inrockuptibles, dans Perpendiculaire, L’Atelier du Roman, Immédiatement, ainsi que dans la presse internationale. D’où les controverses…

Dans un entretien accordé au magazine « Lire » suite à la sortie de « Plateforme » en 2001, Michel Houellebecq reconnait entre autres : « La religion la plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on est effondré… effondré. » Il déclare également, dans la même interview que « les juifs sont plus intelligents et plus intéressants que la moyenne ». Il est alors accusé d’islamophobie ou de racisme antimusulman par diverses associations musulmanes. Le MRAP et la Ligue française des droits de l’homme qui l’intentent en justice sont déboutées, le tribunal constatant que les propos de Michel Houellebecq relevaient du droit à la critique des doctrines religieuses et considérant que la critique d’une religion ne pouvait s’apparenter à des propos racistes, quant à eux interdits par la loi française.

  Michel Houellebecq a déclaré la sympathie qu’il avait pour le mouvement raëlien (son roman « La Possibilité d’une île » en est d’ailleurs inspiré en partie). À la lecture du roman, il apparaît toutefois que cette « sympathie » ne se rapporte en aucun cas à une adhésion aux croyances raëliennes, étant donné la manière dont sont présentés la secte et son gourou (la description des dirigeants de la secte oscille entre leur ridicule et leur talent pour la manipulation, et le gourou lui-même semble ne pas croire à son propre dogme).

  Le style de Michel Houellebecq utilise des emprunts à d’autres artistes ou plus généralement à la société de consommation (name dropping). Il a par exemple repris des passages de Wikipédia dans son roman de 2010, « La Carte et le Territoire ». Plusieurs passages semblent en effet des emprunts peu retravaillés par l’auteur, qui cherche ainsi à reproduire un style objectif. Il pratique volontiers le name dropping, ce qui lui a été reproché par Tahar Ben Jelloun lors de la polémique sur son roman « La Carte et le Territoire ».

Figure controversée mais néanmoins très renommée de la littérature contemporaine française, Michel Houellebecq se fait connaître avec des œuvres provocantes telles que « Extension du domaine de la lutte » ou « Plateforme ». Ses œuvres multiples, traitent avec un accent toujours polémique de thèmes comme la solitude, le détachement du monde, l’absurdité de la vie professionnelle ou la misère sexuelle.

Une rencontre décisive bouleverse son parcours : Michel Bulteau, directeur de la Nouvelle Revue de Paris, lui propose de participer à la collection des « Infréquentables » qu’il a créée aux éditions du Rocher.

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