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… vu par Arlette

Leyshon Nell ♦ La couleur du lait

La couleur du laitLa couleur du lait court sur à peine plus d’une année, à cheval entre 1830 et 1831, et raconte le destin d’une fille de ferme, de la misère à l’enfer.

En cette année 1831, Mary, jeune fille de 15 ans, fille cadette d’un paysan anglais qui en compte 4 au total, Béatrice, Violette, Hope et enfin Mary, entame le tragique récit de sa courte existence : un père brutal, une mère insensible. En bref, une banale vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset. Simple et franche, mais lucide et entêtée, elle raconte comment, un été, alors âgée de quatorze ans, sa vie a basculé lorsqu’on l’a envoyée chez le pasteur Graham malgré elle, pour servir et tenir compagnie à son épouse, femme fragile et pleine de douceur dont la santé se dégrade chaque jour.

Commence alors pour la jeune fille, jusque-là accoutumée à la dureté du travail de la ferme, un apprentissage d’une nouvelle sorte. Habituée à toujours dire ce qu’elle pense, Mary a du mal à réfréner l’ardeur de ses paroles. Mais loin de s’en offusquer, la famille Graham semble apprécier la franchise et la pertinence de la jeune fille.

Avec la femme du pasteur, elle apprend la bienveillance. Avec lui, elle découvre les richesses de la lecture et de l’écriture… mais aussi obéissance, avilissement et humiliation. Finalement l’apprentissage prodigué ne lui servira qu’à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession.

Pendant un an, Mary vit au rythme de la famille, de la bonté de Madame Graham, des regards parfois étranges du pasteur et des exactions du fils qui pense que les servantes sont des jouets.

Le destin s’acharne sur Mary quand l’épouse du pasteur décède. Elle voudra même retourner chez elle, dans cette maison où personne ne l’attend, excepté son grand-père, un homme bon qui la protège. Seule, sans soutien, Mary subira les humiliations du pasteur… jusqu’au dénouement tragique.

Esprit simple et frondeur, pipelette à la langue bien pendue, sa nouvelle vie de domestique lui pèse autant qu’elle l’étonne. Son intelligence est vive en dépit de son peu d’instruction et son humanité à fleur de peau. Dotée d’un caractère bien trempé, cette jeune fille atypique à la chevelure blanche, couleur de lait, et à la patte folle nous dépeint avec un franc-parler à la limite de l’insolence, le monde dans lequel elle évolue avec ses codes, sa rudesse et ses vices. On y découvre la vie dans la campagne anglaise des années 1830, une vie proche de la terre et des bêtes.

Écrit sous la forme d’une confession, « La couleur du lait » se présente comme le témoignage d’une jeune fille de quinze ans soucieuse de tenir sa promesse et de livrer son histoire le plus fidèlement possible. Le récit se fait donc à la première personne et nous plonge directement au cœur des évènements.

Les phrases sont courtes, simples, dépourvues de majuscules et néanmoins percutantes, non dénuées de charme et de poésie. Le ton de la confidence donne une saveur particulière au texte, presque solennelle, vitale.

Ce texte court est un très beau portrait de femme que l’éditeur compare à « Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka.

L’auteur :

Nell LeyshonNell Leyshon est un romancier et dramaturge, né à Glastonbury et maintenant basé dans le Dorset. Elle est actuellement écrivain en résidence officielle pour Vita Nova à Bournemouth.

Après des études de littérature anglaise à l’université de Southampton, elle s’est fait connaître par ses pièces de théâtre enregistrées pour la BBC.

Elle a écrit plusieurs pièces de théâtre pour la BBC Radio 3 et 4, dont la pièce « Moi avec des pommes », qui a remporté le prix de dramaturge le plus prometteur Evening Standard en 2005 et a été finaliste pour le prix Smith Blackburn Susan. Nell Leyshon a aussi adapté une adaptation de la nouvelle de Daphné du Maurier : « Do not Look Now ».

En 2010, elle devient la première femme à être dramaturge chargé d’écrire pour le théâtre du Globe depuis 1599.

Son premier roman, paru en 2004, « Black Dirt » figurait sur la liste de l’Orange Prize. Il se concentre sur Frank, couché sur son lit de mort, qui trouve ses pensées consommés par sa sœur aînée, Iris, dont les crimes qu’il avait essayé d’oublier.

Son deuxième roman « Dévotion » a été publié en 2008 qui raconte l’histoire de Rachel qui décide de mettre fin à son mariage avec Andrew. Mais les conséquences pour eux et leurs enfants sont plus importantes qu’ils le pensaient.

Cette même année, elle a également publié un recueil de deux histoires courtes de la série Shots Picador.

Son dernier roman est « la couleur de lait ». C’est la première œuvre de Nell Leyshon à être traduite en français.

Dans une interview exclusive pour Foyles, Nell raconte comment elle est venue à écrire ce livre à la première personne en se mettant dans la peau d’une fille de ferme des années 1830.

 

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