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… vu par Arlette

De Kerangal Maylis ♦ Corniche Kennedy

Corniche KennedyEn bas, il y a la mer. Ceux qui se tiennent là, en contrebas de la corniche Kennedy, à Marseille, debout sur la mince langue de pierre qui surplombe l’eau, se nomment Eddy, Ptolémée, Mario, Nadia, Loubna…

Leur âge est entre treize et dix-sept ans. Et c’est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison. Silhouettes adolescentes, radieuses et vulnérables, en équilibre fragile au-dessus de l’eau – par elle aimantées. Le promontoire rocheux est le théâtre à ciel ouvert de leurs jeux dangereux. Adolescents désœuvrés qui défient les lois de la gravitation en plongeant le long de la corniche Kennedy.

Ici, les gamins rejouent à leur façon La ­Fureur de vivre – le saut, c’est leur rituel initiatique, leur cérémonie secrète.

Derrière ses jumelles, Opéra Sylvestre, un commissaire chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les observe. Entre tolérance zéro et goût de l’interdit, les choses vont s’envenimer… Car le maire de la ville de Marseille, le tout-puissant «Jockey», veut prouver son efficacité politique en débarrassant la corniche Kennedy des bandes d’adolescents des cités qui y ont établi leur base.

En contrepoint de la bande de la corniche, Maylis de Kerangal fait exister le monde adulte, via un personnage de commissaire de police aussi ténébreux et terre à terre que sont solaires et aériens les gamins. Leurs routes se croiseront et là se nouera le drame.

Maylis de Kerangal met en scène deux mondes qui s’affrontent, avec son style particulier, percutant, vif, qui peut heurter le lecteur. Elle nous ouvre le monde de ces ados avec leurs doutes et leurs rêves. Elle sait remarquablement trouver les mots et le souffle pour décrire cette communauté adolescente intemporelle avec ses codes, sa sensualité, ses élans, l’aspiration à la liberté et à la lumière. Et en parallèle, elle dissèque le monde de ce flic avec ses doutes et ses désillusions dans la lutte contre la délinquance, la prostitution, le trafic de drogue.

Personnellement, j’ai trouvé l’écriture tortueuse, compliquée, avec un long démarrage pour une fin trop rapide.

L’auteur :

Maylis de KerandalMaylis de Kerangal est une femme de lettres française, née le 16 juin 1967 au Havre.

Fille et petite-fille de capitaine au long cours, elle passe son enfance au Havre. Sa maman est enseignante.

De 1985 à 1990, elle fait une classe préparatoire au lycée Jeanne-d ‘Arc de Rouen et ensuite elle va à Paris pour faire une hypokhâgne et deux khâ­gnes où elle étudie l’histoire, la philosophie et l’ethnologie. Sa maîtrise portait sur les cartographes, les cosmographies de la Renaissance. Elle a passé un an au département des Cartes et plans à la bibliothèque Richelieu. Puis elle est allée à l’Ecole des hautes études pour faire de l’anthropologie.

Au début des années 1990, elle est engagée comme éditrice jeunesse aux éditions Gallimard aux côtés de Pierre Marchand et pour s’occuper de guides de voyage, avant de faire deux séjours aux États-Unis, à Golden dans le Colorado en 1997. Elle reprend sa formation en passant une année à l’EHESS à Paris en 1998.

Elle publie son premier roman, Je marche sous un ciel de traîne, en 2000, suivi en 2003 par La Vie voyageuse, puis par Ni fleurs, ni couronnes en 2006, Dans les rapides en 2007 et par Corniche Kennedy en 2008. Ce dernier roman figure cette année-là dans la sélection de plusieurs prix littéraires comme le Médicis ou le Femina.

Elle crée en même temps les Éditions du Baron Perché spécialisées dans la jeunesse où elle travaille de 2004 à 2008, avant de se consacrer à l’écriture. Elle participe aussi à la revue Inculte.

Son roman Naissance d’un pont est publié en 2010. Selon elle, « il s’agit d’une sorte de western, autrement dit d’un roman de fondation, et la référence à ce genre cinématographique opère dans le texte, l’écriture travaille en plan large, brasse du ciel, des paysages, des matières, des hommes, et resserre sa focale sur les héros qui sont toujours pris dans l’action, dans la nécessité de répondre à une situation. ». Le 3 novembre 2010, l’ouvrage remporte à l’unanimité et au premier tour le prix Médicis. Le livre remporte aussi le Prix Franz Hessel et est, la même année, sélectionné pour les prix Femina, Goncourt, et Flore. Le Prix Franz Hessel permet à l’ouvrage de bénéficier d’une traduction en allemand, parue en 2012 chez Suhrkamp.

En 2011, elle est l’une des participantes du Salon du livre de Beyrouth au BIEL (Beirut International Exhibition & Leisure Center).

En 2012, elle remporte le prix Landerneau pour son roman Tangente vers l’est paru aux éditions Verticales.

En 2014, elle est la première lauréate du Roman des étudiants France Culture-Télérama (ancien Prix France Culture-Télérama), pour son roman Réparer les vivants qui a été aussi couronné par le Grand prix RTL-Lire 2014 ainsi que par le Prix des lecteurs de l’Express-BFM TV. Dans cet ouvrage, elle suit pendant 24 heures le périple du cœur du jeune Simon, en mort cérébrale, jusqu’à la transplantation de l’organe.

 

Œuvres :

Romans, nouvelles :

  • Je marche sous un ciel de traîne – 2000, 222 p.
  • La Vie voyageuse – 2003, 240 p.
  • La Rue – 2005, 92 p.
  • Ni fleurs ni couronnes – 2006, 135 p.
  • Maylis de Kerangal (texte), Robin Goldring (peint.), La Peau d’une fille qui rentre de la plage – 2006, 31 p.
  • Maylis de Kerangal et Coll., Inculte, Spécial coupe du monde – 2006, 212 p.
  • Dans les rapides – 2007, 111 p.
  • Corniche Kennedy – 2008, 177 p.
  • Collectif, Minimum Rock’n’Roll : Binocles Œil de Biche & Verres Fumés – 2008, 176 p.
  • Maylis de Kerangal & Joy Sorman (dir.), Coll., Femmes et sport : regards sur les athlètes, les supportrices, et les autres – 2009, 153 p.
  • Naissance d’un pont – 2010, 320 p.
  • Maylis de Kerangal (texte), Benoît Grimbert (photographies), Pierre Feuille Ciseaux – 2012, 88 p.
  • Tangente vers l’est – 2012, 134 p.
  • Réparer les vivants – 2013, 281 p
  • À ce stade de la nuit – 2014, 80 p.

Albums pour enfants :

  • Maylis de Kerangal (texte), Alexandra Pichard (illustrations), Nina et les oreillers – ‎ 2011, 28 p.

 

Distinctions

  • Prix Médicis 2010 pour Naissance d’un pont (au premier tour). Le livre est la même année en sélection pour les prix Femina, Goncourt et Flore.
  • Prix Franz Hessel 2010 pour Naissance d’un pont
  • Prix Landerneau 2012 pour Tangente vers l’est
  • Grand prix RTL-Lire 2014 pour Réparer les vivants
  • Roman des étudiants – France Culture-Télérama 2014 pour Réparer les vivants
  • Prix Orange du Livre 2014 pour Réparer les vivants
  • Prix du 37ème prix Relay des Voyageurs 2014 pour Réparer les vivants
  • le prix littéraire Charles-Brisset attribué par l’Association française en psychiatrie 2014 pour Réparer les vivants
  • le premier Prix Paris Diderot-Esprits libres 2014 pour Réparer les vivants
  • le Prix des lecteurs L’Express/BFMTV 2014 pour Réparer les vivants

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