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… vu par Arlette

Guène Faïza ♦ Kiffe kiffe demain

Kiffe kiffe demainDans Kiffe kiffe demain, Faïza Guène nous fait découvrir la vie et les humeurs d’une jeune banlieusarde.

Doria a quinze ans, un sens aigu de la vanne, une connaissance encyclopédique de la télé et des rêves qui la réveillent. Elle vit seule avec sa mère dans une cité de Livry-Gargan, depuis que son père est parti un matin pour trouver au Maroc une femme plus jeune et plus féconde. Ça, chez Doria, ça s’appelle le mektoub, le destin : « Ça veut dire que, quoique tu fasses, tu te feras couiller. » Alors autant profiter du présent avec ceux qui l’aiment ou font semblant.

Sa mère d’abord, femme de ménage dans un Formule 1 de Bagnolet et soleil dans sa vie. Son pote Hamoudi, qui l’a connue alors qu’elle était « haute comme une barrette de shit ».Mme Burlaud, sa psychologue, qui met des porte-jarretelles et sent le Para poux. Ou encore Aziz, l’épicier du « Sidi Mohamed Market » avec qui Doria essaie en vain de caser sa mère.

Le regard qu’elle porte sur sa vie est acéré et sans espoir – mais pas dénué d’humour -, jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse de l’un de ses potes. Alors, avec prudence, son regard sur le monde se fait moins dur. Elle va apprendre que l’autre n’est pas toujours un ennemi.

On a souvent tendance à confondre Faïza avec ses héroïnes. Il faut dire que c’est tentant : même origines, même génération, même répartie. Il s’agit pourtant bien d’une œuvre de fiction qui s’inscrit dans une réalité sociale. C’est ce qui avait fait parler du livre à sa sortie.

Kiffe kiffe demain est d’abord une voix, celle d’une enfant des quartiers. Un roman plein de sève, d’humour et de vie.

 

L’auteur :

Faïza GuèneFaïza Guène, née en 1985 à Bobigny, est une romancière, scénariste et réalisatrice française.

Ses parents sont originaires de l’ouest de l’Algérie (d’Aïn Témouchent). Elle a un frère et une sœur et a grandi parmi eux en Seine-Saint-Denis, à Pantin, aux Courtillières, un quartier dit « sensible ». Passionnée par la lecture et le dessin, Faïza est une enfant précoce qui saute sa classe de CP car elle sait déjà lire. Quand son instituteur lui a demandé comment elle a fait, elle lui a répondu « en regardant la Roue de la Fortune ».

Dès l’école primaire, elle se plaît à raconter des histoires. Ses copines deviennent les héroïnes de ses récits en échange de bonbons.

Au collège Jean Jaurès à Pantin, elle participe aux ateliers de lecture et doit réaliser à l’âge de 13 ans pour le journal de l’établissement, un reportage sur l’association « Les engraineurs », qui propose aux jeunes du quartier un atelier d’écriture cinématographique. Faïza Guène n’a jamais quitté l’association

Au lycée Marcelin Berthelot à Pantin, elle a 14 ans (1999) lorsqu’elle réalise un court-métrage, « La zonzonnière », aidée des conseils de Julien, un intervenant rompu aux techniques cinématographiques. Elle avait écrit le scénario tout au long de l’année scolaire

De l’âge de 13 à 17 ans, elle écrit et réalise 5 courts-métrages en vidéo dont certains seront primés dans des festivals.

Diplômée de l’IUT de Bobigny, à l’Université Paris XIII, section Carrières sociales et socio-culturelles, elle devient ensuite étudiante en sociologie à l’Université Paris VIII, à St-Denis, puis abandonne pour se consacrer à l’écriture et à la réalisation de films.

A 18 ans, en 2004, après avoir obtenu une subvention du Centre National du Cinéma, elle réalise un moyen-métrage en Super 16 mm, « Rien que des mots », dans lequel elle fera même jouer sa mère.

Durant la même année, elle commencera son roman Kiffe Kiffe demain qu’elle écrira « comme un loisir ». Après avoir rédigé une trentaine de pages « au stylo plume sur des feuilles de classeur », le professeur de français responsable de l’atelier d’écriture lit ce texte et l’envoie à la maison d’édition Hachette Livre sans en avertir Faïza. Une semaine plus tard, elle reçoit le coup de fil qui va changer sa vie. L’éditrice, Isabelle Seguin, lui propose de signer un contrat et de terminer la rédaction du roman. À la sortie du livre, en septembre 2004, une journaliste du Nouvel Observateur consacre une double page à Faïza et encense le livre. La tornade médiatique commence alors et Kiffe Kiffe demain se vend à plus de 400.000 exemplaires et sera traduit dans plus de 26 langues.

Toujours dans la veine de la comédie sociale, en 2006, Faïza publie « Du rêve pour les oufs » puis « Les Gens du Balto » en 2008. Et en 2014 Un homme, ça ne pleure pas chez Fayard.

Ses romans dressent le portrait de gens ordinaires, d’antihéros, en utilisant une langue revigorée et souvent argotique. Ce style particulier, assez courant dans de nombreux autres pays comme en témoigne les livres du romancier Irvine Welsh, est plutôt rare et déconsidéré en France.

Faïza Guène est aussi réalisatrice de plusieurs courts-métrages. Parmi ceux-ci, on notera : La Zonzonnière en 1999, RTT et Rumeurs en 2002 et Rien que des mots en 2004. Elle est également auteur d’un documentaire intitulé Mémoires du 17 octobre 61 en 2002.

Elle travaille à l’écriture d’un scénario de long-métrage. Elle tient une chronique mensuelle dans l’émission le Monde selon Wam sur France Inter, le samedi de 18h à 19h et a une colonne dans Respect Magazine.

Elle a obtenu plusieurs prix littéraires de la jeunesse, et a reçu notamment le Peter Pan Prize suédois.

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