Club lecture…

… vu par Arlette

Nesbø Jo ♦ L’homme chauve-souris

L'homme chauve-sourisLe premier des enquêtes de Harry Hole.

L’inspecteur de police Harry Hole n’est pas très apprécié de ses collègues de la police d’Oslo.

La trentaine, alcoolique en voie de rémission (son alcoolémie fut la cause de la mort de son coéquipier), seul, pas d’attache, le flic paumé dans toute sa splendeur (ou presque), trop cynique ou trop sentimental, il est du genre à aller jusqu’au bout de ses enquêtes sans tenir compte des avis de la hiérarchie.

Lorsqu’une jeune Norvégienne est retrouvée assassinée, sauvagement jetée d’une falaise, en Australie, l’occasion est trop belle pour se débarrasser de lui en l’expédiant en mission au bout du monde.

Inger Holter travaillait dans un bar branché où fraternisent hétéros et homos de la vaste agglomération australienne. C’est là que Hole va rencontrer une autre Scandinave, la rousse Brigitta Enquist, femme qui, il ne le sait pas encore, comptera énormément pour lui. C’est là également qu’il croise pour la première fois la route d’Otto Rechtnagel, travesti et clown de son double état, personnage outrancier et pourtant authentique qui tient dans le livre l’un des rôles-clefs.

La première partie du roman se révèle assez lente.

Jo Nesbø présente ses personnages, en particulier Harry Hole. Il creuse et travaille ses personnages comme peu le font  Il façonne Harry Hole devant nous. Homme brisé par la vie et l’alcool, flic obstiné à la fois costaud et vulnérable, avec des synapses hautement opérationnelles pour peu qu’il réussisse à maintenir à distance les démons qui le hantent.

Il nous présente aussi les lieux, l’Australie, son climat aride, ses croyances, ses légendes, ses tribus, sa forte communauté gay.

L’enquête est là depuis le début, mais trainasse un peu. Elle n’est pas vraiment l’élément principal du livre. On comprend qu’Harry est plus important que l’intrigue en elle-même. On le suit dans ses pérégrinations à travers le pays. Entre ses collègues et ses amours.

Le ton est assez léger et parfois drôle.

Puis, la deuxième moitié arrive et tout bascule. Le ton devient plus sombre, inquiétant, plus grave. L’enquête s’accélère! Harry sombre. La tension monte. Hole se dévoile en nous racontant son passé, pourquoi il est là, et comment. Les liens se tissent, le nœud se démêle. Bref, l’enquête touche à sa fin. Impossible de lâcher le livre.

Ce qui n’aurait dû être que routine diplomatique va se transformer en traque impitoyable au fur et à mesure de meurtres féroces qu’Harry Hole refuse d’ignorer. Autre hémisphère, autres méthodes…

Associé à un inspecteur aborigène étrange, bousculé par une culture neuve assise sur une terre ancestrale, Hole, en proie à ses propres démons, va plonger au cœur du bush millénaire. L’Australie, pays de démesure, véritable nation en devenir où les contradictions engendrent le fantastique comme l’indicible, lui apportera, jusqu’au chaos final, l’espoir et l’angoisse, l’amour et la mort : la pire des aventures.

Jo Nesbø, à travers le regard d’Harry Hole, guidé par la connaissance d’Andrew Kensington, nous dresse le portrait d’une nation « construite » par les Anglais sur la « dépouille » des civilisations aborigènes.

Au fil de cette pseudo enquête, on découvre le peuple aborigène avec son histoire et ses coutumes. On apprend leurs langues et on s’immisce dans leurs anciennes légendes et autres mythologies du terroir. On entrevoit leurs mises à l’écart de la société australienne par des blancs coloniaux venus voler leurs propres terres. On prend le temps d’observer aussi la flore et d’écouter la faune de cette contrée si lointaine. Les paysages défilent sous nos yeux et on apprend à reconnaître chaque poisson multicolore de la baie de Sydney.

Il rappelle l’histoire des premiers colons, prisonniers, bagnards, criminels, qui furent le fondement d’une nouvelle société. Il éclaire le rejet absolu des indigènes, puis les diverses tentatives d’intégration (mais peut-on intégrer une population qui était présente avant vous ?). Il met en lumière, les différentes problématiques de ce pays à la fois tout neuf et au passé ancestral, la confrontation du puritanisme anglais et de l’esprit de liberté, le fait que l’Australie soit à la fois un pays de « ploucs » arriérés et Sydney la Mecque de la communauté homosexuelle, où les côtes de l’île sont le repaire de la génération post Flower Power…

L’auteur :

Jo NesboJo Nesbø est un auteur norvégien de romans policiers né le 29 mars 1960 à Oslo en Norvège.

Il a passé ses années de croissance à Molde et a étudié à l’Ecole norvégienne d’économie, où il a obtenu un diplôme en administration des affaires et de l’économie.

Il a d’abord été journaliste économique, puis s’est dirigé vers la musique. Il est connu pour sa participation en tant qu’auteur, compositeur et interprète au sein du groupe de pop « Di Derre », l’un des plus célèbres en Norvège, de 1993 à 1998.

 Son premier roman, L’Homme chauve-souris en 1997, « The Bat Man », le premier livre de la série Harry Hole, a tout de suite remporté un grand succès. Il a obtenu l’année suivante le Prix Glass Key, prix du meilleur roman policier scandinave de l’année, ce qui l’a propulsé sur le devant de la scène littéraire du polar scandinave.

Il est parfois présenté comme le successeur de l’auteur suédois Henning Mankell.

Le style de ses romans est assez proche de ceux de l’américain Michael Connelly et de son détective Harry Bosch, mais dans un style moins lisse, moins politiquement correct.

Ses romans mettent en scène Harry Hole, son enquêteur fétiche, un inspecteur de la police d’Oslo, flic solitaire, dépressif, alcoolique et en délicatesse avec sa hiérarchie et envoyé aux quatre coins du monde, ou plus simplement à Oslo, pour traquer d’inquiétants serial killers. C’est le stéréotype du policier bourru, alcoolique et grand accro au tabac, qui a peu d’amis et utilise parfois des méthodes peu orthodoxes pour résoudre ses enquêtes.

 Il  va lui faire parcourir le monde au fil de ses enquêtes : l’Australie avec L’Homme chauve-souris, la Thaïlande avec Les Cafards ou le Congo avec Le Léopard.

Jo Nesbo profite aussi de ses enquêtes pour dresser un portrait d’un pays, d’une ambiance, d’un mouvement – les néo-nazis pour « Rouge gorge » par exemple.

Le bonhomme de neige (2010) a créé des vagues dans le Royaume-Uni et est resté sur la liste des best-sellers du Sunday Times pendant plus de trois mois consécutifs et le Leopard (2011) en tête des listes Sunday Times de fiction et poche graphiques cartonnés.

Il représente aujourd’hui l’une des figures du polar scandinave, aux côtés de son illustre prédécesseur Henning Mankell. En 2006, il fait d’ailleurs son entrée dans la collection Série Noire avec son dernier opus « L’Etoile du Diable ».

En 2007, Jo Nesbø a écrit son premier roman pour la jeunesse.

Nesbø vit actuellement à Oslo, en Norvège, où il poursuit sa passion pour l’écriture et la musique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *