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Cheng François ♦ L’éternité n’est pas de trop

L'éternité n'est pas de trop-Au XVIIème siècle, la dynastie Ming s’éteint tout doucement en Chine. S’ouvre alors une ère de bouillonnement culturel, d’échanges commerciaux et de partage, où l’Occident est présent avec la venue des premiers missionnaires jésuites en Chine.

Dans cette période trouble, perdue entre les codes et les interdits de l’Ancien Régime et une liberté toute nouvelle apportée par l’Occident qui découvre l’Asie, un homme Dao-Sheng vit dans un monastère de haute montagne.

Dao-sheng a connu mille vies. Joueur de violon vendu enfant à une troupe de comédiens itinérants, il a été envoyé au bagne pour avoir osé sourire à la jeune Lang-ying, promise au seigneur Zhao. Ayant réussi à s’échapper après bien des souffrances, il trouve refuge dans ce monastère taoïste où il apprend l’art de la médecine et de la divination. A la fois médecin et devin, il oscille entre bouddhisme et taoïsme, et est retenu de tout engagement définitif par un secret vieux de tente ans : son amour toujours vivace pour une fille juste entraperçue alors qu’il avait 20 ans.

Dao-Sheng qui n’a pas encore prononcé ses vœux se décide à quitter ce lieu de paix et de silence où il est en retraite pour retrouver, trente ans plus tard, Lan-ying, son amour de jeunesse, la seule femme qu’il n’ait jamais aimée.

Son errance le conduit aux abords de Bai-he, là où vit la famille Zhao. Il apprend alors que Lan-ying vit encore, mise à l’écart dans une résidence secondaire par son mari. Seulement, la maladie la ronge et Dao-sheng décide de mettre à son service ses compétences de médecin.

Commence alors entre eux une relation pleine de confiance et de douceur, qui aide l’épouse délaissée à se rétablir et à retrouver ses émois de jeunesse. Mais la suspicion d’un mari jaloux va venir perturber l’amour naissant entre les deux âmes sœurs…

La passion est partagée, même si épreuves et obstacles attendent les amants.

 

Dans « L’éternité n’est pas de trop », l’amour est vécu comme absolu. Il est le seul porteur du dépassement de soi, il permet de pénétrer le mystère de l’univers et d’accéder au sentiment d’éternité. Dans une Chine en pleine mutation qui s’ouvre aux autres civilisations, il est aussi le lien qui permet le dialogue et l’ouverture à l’autre. Une vision hautement exigeante et spirituelle des rapports amoureux où l’intensité, la ferveur, le dépouillement et l’engagement sont les clefs de toute métamorphose. Un roman d’une rare puissance, intense et envoûtant qui peut toucher tous les publics. Un roman d’envoûtement et de vérité, récit d’une passion – celle d’un « Tristan et Iseult » chinois, avec ses codes et ses interdits aussi précis que stricts – qui n’est pas seulement affaire de cœur et des sens, mais engage toute la dimension spirituelle de l’être, ouvrant sur le mystère de l’univers et le transfigurant.

A propos son livre, François Cheng dit : « Cette passion correspond à toute la nostalgie enfouie au fond de mon être. Ce roman a été écrit par quelqu’un qui a beaucoup vécu, beaucoup souffert, et beaucoup perdu aussi, puisque j’ai quitté ma terre, laissé toute une vie, bien que je n’ai jamais regretté l’exil, au contraire. Ceci dit, il s’agit d’un roman. Ce n’est pas le récit de ma propre expérience ; c’est celle de la passion de deux personnages».

 

L’auteur :

François ChengFrançois Cheng, (nom originel chinois : Cheng Chi-Hsien – 程纪贤 – « « Qui embrasse l’Unité », Chéng Bàoyī en transcription phonétique pinyin), né le 30 août 1929 en Chine, à Nanchang, dans la province de Shandong, non loin du yang Tsé et des brumes du Mont Lu, est un écrivain, poète et calligraphe chinois naturalisé français en 1971.

 Issu d’une famille de lettrés et d’universitaires – ses parents comptaient parmi les premiers étudiants boursiers envoyés aux États-Unis après des études à l’Université de Nankin, François Cheng arrive à Paris avec ses parents en 1948 lorsque son père obtient un poste à l’Unesco.

L’année suivante en 1949, alors que sa famille émigre aux États-Unis en raison de la guerre civile chinoise, il décide de s’installer définitivement en France, motivé par sa passion pour la culture française. Il se consacre à l’étude de la langue et de la littérature françaises en vivant dans le dénuement et la solitude avant de faire, dans les années 1960, des études universitaires, en préparant un diplôme de l’École pratique des hautes études (EPHE). Il se lance aussi dans des traductions en chinois de poèmes français (Baudelaire, Rimbaud, René Char, des surréalistes…), puis celles de poèmes chinois en français.

Tout d’abord, il publie de la poésie en chinois à Taïwan et à Hong Kong.

Ce n’est que tardivement (en 1977) qu’il écrit en français, sur la pensée, la peinture et l’esthétique chinoises et aussi des ouvrages poétiques. Jugeant avoir acquis assez d’expérience, il peut ensuite se lancer dans l’écriture de romans. Il publie également un album de ses propres calligraphies.

Il a reçu en 1998 le prix Fémina pour son premier roman Le dit de Tianyi publié par Albin Michel et le prix André Malraux du livre d’art pour Shitao : la saveur du monde (Phébus).

Depuis 2008, il est membre du comité d’honneur de la Fondation Chirac, créée pour agir en faveur de la paix dans le monde. Il est également membre d’honneur de l’Observatoire du patrimoine religieux (OPR), une association multiconfessionnelle qui œuvre à la préservation et au rayonnement du patrimoine cultuel français.

En 2000, il reçoit le prix Roger Caillois pour ses essais et son recueil de poèmes Double Chant. En 2001, François Cheng reçoit le Grand Prix de la francophonie de l’Académie française. Le 13 juin 2002, il devient membre de l’Académie française; premier Asiatique élu, il est le vingtième récipiendaire du fauteuil 34. Il est membre du Haut Conseil de la Francophonie.

Il a été promu Officier de la Légion d’honneur le 1er janvier 2009.

Il est le père de la sinologue Anne Cheng.

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