Club lecture…

… vu par Arlette

Giroud Françoise

Françoise GiroudFrançoise Giroud, née Lea France Gourdji le 21 septembre 1916 à Lausanne, en Suisse, et morte le 19 janvier 2003 à l’Hôpital américain de Paris à Neuilly-sur-Seine, est une journaliste, écrivaine et femme politique française. Son pseudonyme de Françoise « Giroud », quasi anagramme de Gourdji, que lui avait inventé Maurice Diamant-Berger pour travailler à la radio vers 1938, est officialisé par un décret paru au Journal officiel du 12 juillet 1964.

Lea France Gourdji est la fille de Salih Gourdji, réfugié politique d’origine turque, directeur de l’Agence télégraphique ottomane à Constantinople, et d’Elda Farragi, tous deux « israélites de l’Empire ottoman ». Son père, né à Constantinople après des études de droit à Paris, épouse Elda Faraggi, de Salonique, fille d’un médecin-major, colonel dans l’armée turque. Salih Gourdji meurt précocement de la syphilis le 9 février 1927 à Ville-Evrard7 ce qui met sa mère en grave difficulté financière.

Élève au lycée Molière (Paris), Lea France Gourdji décide de travailler à quatorze ans, et quitte l’école. Après un diplôme de dactylo décroché à l’école Remington, elle est employée dans une librairie du boulevard Raspail.

Grâce aux relations de sa famille, amie de Marc Allégret, qui l’introduit d’abord auprès d’André Gide dont elle devient un temps la secrétaire, elle commence une carrière dans le cinéma à Paris. Dès 1935, sous le nom de France Gourdji elle apparaît dans le générique du film Baccara d’Yves Mirande. Puis elle devient la première femme française scripte de cinéma en étant la script-girl de Marc Allégret (dont elle tombe amoureuse alors que celui-ci entretient une relation avec l’actrice Simone Simon) et de Jean Renoir, dont elle est l’assistante-metteur en scène à partir de 1937, puis de Jacques Becker dont elle est coscénariste puis scénariste sous le nom de Françoise Giroud; ces différents métiers lui font découvrir son talent pour l’écriture.

Après l’exode de sa famille à Clermont-Ferrand où réside sa sœur Djénane lors de la Seconde Guerre mondiale, elle retourne travailler pour le cinéma à Nice puis à Paris. Baptisée avec sa mère en 1942 par l’abbé Bardet qui antidate leurs certificats à 1917, elle obtient un droit de travail pendant l’Occupation (COIC) sous son pseudonyme professionnel de Françoise Giroud, en se déclarant catholique. Elle écrit également des contes dans Paris-Soir, dont la rédaction principale est installée à Lyon et des chansons comme Le Charme slave pour Andrex.

Françoise Giroud est, selon ses propres dires, une modeste agente de liaison dans la Résistance pendant la guerre. Elle est arrêtée par la Gestapo sur dénonciation et est incarcérée à Fresnes de mars à juin 1944, date à laquelle le collaborateur Joseph Joanovici la fait libérer.

Au sortir de la guerre, elle est engagée par Hélène Lazareff comme directrice de rédaction (1945-1953) pour la création de Elle, alors magazine moderne et féministe. Elle écrit à l’époque aussi des portraits dans France Dimanche, l’Intransigeant et France-Soir. Ses convictions se sont affirmées, elles se révéleront dans ses prises de position contre la guerre d’Algérie, quand elle fonde L’Express, en 1953, avec son amant Jean-Jacques Servan-Schreiber, ce qui lui vaut le plasticage de son appartement (1962). Elle reste à la tête de ce journal jusqu’en 1974 en tant que directrice de la rédaction, puis de la publication, et comme présidente du groupe Express-Union, entre 1970 et 1974.

Françoise Giroud publie en parallèle à sa carrière journalistique plusieurs essais, dont La Nouvelle Vague, portrait de la jeunesse en 1958, inventant cette expression qui servira ensuite à qualifier le style des nouveaux cinéastes issus des Cahiers du cinéma.

Malgré un appel à voter François Mitterrand en 1974, elle milite au sein du Parti radical pour la modernisation sociale promise par Valéry Giscard d’Estaing et devient secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de la Condition féminine, entre juillet 1974 et août 1976, où elle lance « cent une mesures » en faveur des femmes (mise en place de droits propres pour les femmes, lutte contre les discriminations, ouverture des métiers dits masculins…). Comme secrétaire d’État à la Culture jusqu’en mars 1977, elle entérine les décisions prises avant elle comme la loi sur l’architecture du 31 janvier 1977 et la création des DRAC.

Vice-présidente du Parti radical-socialiste et de l’UDF, elle a été deux fois secrétaire d’État, et fut une personnalité majeure de la presse française.

Candidate aux élections municipales de 1977 à la demande de Giscard d’Estaing et de Michel d’Ornano, dans le 15e arrondissement de Paris, elle est au cœur d’un scandale : le sénateur Maurice Bayrou, compagnon de la Libération, porte plainte pour port illégal de la médaille de la Résistance. Djenane, sœur de Françoise, qui a créé et animé un des premiers mouvements de résistance à Clermont-Ferrand dès 1941, a reçu cette distinction après avoir été internée au camp de Ravensbrück. Selon Christine Ockrent et Laure Adler, une lettre reçue par leur mère prouverait que cette médaille aurait été attribuée aux deux sœurs mais que Françoise, qui avait rejoint le mouvement de sa sœur en 1944, n’était pas allée la chercher. Ce scandale entraîne son retrait des élections parisiennes et sa non reconduite au sein du nouveau gouvernement Barre. Sa bonne foi sera finalement reconnue et le procureur classe l’affaire en 1979.

Françoise Giroud quitte la politique en 1979 et, inspirée par sa fréquentation des ors du pouvoir, elle écrit La Comédie du pouvoir puis Le Bon Plaisir (1983), adapté au cinéma. Ce dernier livre, publié aux éditions Mazarine, raconte l’histoire d’un président de la République qui cache l’existence d’un enfant adultérin. Cependant elle ignorait tout de l’existence de l’enfant caché de François Mitterrand.

Associée à un groupe d’intellectuels français dont Bernard-Henri Lévy, Jacques Attali, Philippe Mahrer, Marek Halter, Alfred Kastler (prix Nobel de physique), Guy Sorman et Robert Sebbag ainsi qu’à des médecins, journalistes et écrivains, elle fonde en 1979 l’association Action contre la faim (ACF).

Elle était membre du comité d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).

À sa sortie du gouvernement, L’Express vient d’être vendu à James Goldsmith, et Raymond Aron, éditorialiste du magazine, s’oppose à sa réintégration. Elle signe des chroniques dans le JDD, en est licenciée pour avoir critiqué Paris Match qui trahissait le secret de François Mitterrand et Mazarine Pingeot. En 1983, Jean Daniel lui propose d’être éditorialiste au Nouvel Observateur, où elle écrit durant vingt ans des chroniques de télévision. Elle produit également plusieurs émissions de télévision et publie essais, biographies et romans à succès. Elle est alors appelée comme membre du jury du prix Femina en 1992.

Elle a également été membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.

Le 16 janvier 2003, à la sortie d’une première à l’Opéra-Comique, déjà affaiblie par une première chute, la semaine précédente, alors que Florence Malraux est partie chercher leur vestiaire, elle descend le grand escalier et tombe la tête la première. Le lendemain, elle travaille tout l’après-midi à un livre d’entretiens avec Albina du Boisrouvray. Au soir, elle tombe dans le coma, et est transportée à l’Hôpital américain de Paris où elle meurt le 19 janvier sans avoir repris conscience. Elle a été incinérée le 22 janvier au crématorium du Père-Lachaise. Selon sa volonté, sa fille Caroline Eliacheff dispersa ses cendres sur des rosiers.

Françoise Giroud est la mère de deux enfants : un garçon (Alain-Pierre Danis, né à Nice en 1941, et mort d’un accident de ski en 1972 à Tignes, fils caché d’Elie Nahmias) et une fille (Caroline Eliacheff née à Boulogne en 1947 de son mariage avec Anatole Eliacheff, producteur de cinéma).

À la fin des années 1950, alors qu’elle attend un enfant de Jean-Jacques Servan-Schreiber, elle doit avorter et développe par la suite une grossesse extra-utérine. Françoise Giroud pense que c’est la stérilité provoquée par cette opération qui fait que Servan-Schreiber se sépare d’elle pour épouser Sabine Becq de Fouquières, ce qui la pousse à l’envoi de lettres antisémites aux futurs époux et à leurs parents, et à une tentative de suicide aux barbituriques en 1960.

La mort en 1984 de son dernier compagnon, l’éditeur Alex Grall, qu’elle aide à mourir dignement, la fait replonger dans la dépression.

Catholique par un jeu de circonstances et athée par conviction, Françoise Giroud niera toute sa vie sa judéité pour respecter une promesse faite à sa mère. Elle ne révèlera son origine à son petit-fils Nicolas, le futur rabbin Aaron Eliacheff, qu’au printemps 1988. Elle s’expliquera sur ce sujet dans un roman posthume, Les Taches du léopard, Fayard, 2003.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *