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… vu par Arlette

Kennedy Douglas ♦ La femme du Vème

La femme du VèmeJeté hors de chez lui par sa femme, loin de sa fille et renvoyé de son poste de professeur d’université, Harry Ricks n’a plus grand-chose à perdre. Lui qui quelques mois auparavant était encore professeur d’université et père de famille tranquille aux Etats-Unis, il croit avoir touché le fond.

Réfugié à Paris, ses seules perspectives sont d’aller au cinéma et de tenir le plus longtemps possible avec ses maigres économies. … Harry survit tout juste dans sa chambre de bonne crasseuse à Paris, et n’a plus aucun contact avec sa famille.

Heureusement, il parle français et dispose de quelques milliers d’euros. Mais il se fait vite escroquer et doit quitter son hôtel minable pour essayer d’écrire le roman qui le rendra célèbre. Il trouve une sordide chambre de bonne, dans une rue sordide au fin fond du Xème arrondissement, qui n’a de Paradis que le nom, et dont le logeur est un voleur et son voisin de palier un individu sale et louche doublé d’un futur racketteur.

Une chance, du moins le croit-il : il est clandestinement embauché comme veilleur de nuit au premier étage d’un entrepôt.

Il découvre bientôt, lui l’intellectuel américain, une ville sordide, celle des marchands de sommeil, des clandestins et des combines louches.

Lors d’une soirée (payante) passée dans le salon mondain d’une femme prétentieuse et vieillissante, il fait la connaissance de la fascinante et séduisante Margit, la femme du Vème,hongroise, femme élégante et sensuelle, et très énigmatique : Harry ne devra pas lui poser de questions sur son travail, son passé, sa vie, et ne pourra la voir que deux fois par semaine, à dix-sept heures, dans son appartement du Vème. Comme envoûté, Harry accepte. Il plonge avec délice dans le jeu de séduction dont elle édicte les étranges règles. Une passion apparemment partagée par cette femme très mystérieuse qui a autrefois beaucoup souffert. Un jeu troublant, plein de plaisirs, de mystères, et, ce qu’Harry ignore encore, de dangers…

Mais bientôt se produisent autour de lui d’étranges coïncidences… Harry est impliqué dans une série de meurtres dont il n’a aucune chance de se dépêtrer. Il ne doit son salut qu’à un stupéfiant marché avec cette inconnue dont le passé et l’existence vont plonger le héros (et le lecteur) dans le doute et la perplexité.

 

Un nouveau cauchemar savamment orchestré par un Douglas Kennedy plus machiavélique que jamais. Un roman noir surprenant dans un Paris inattendu et crépusculaire hanté par les ombres de Simenon et Buñuel.

Mais ce qui est vraiment intéressant, dans ce roman, c’est que Kennedy a résolument fuit les clichés : on n’est pas ici dans un Paris de rêves, de paillettes et de romantisme. On n’est pas non plus dans un Paris intellectuel, où notre écrivaillon mènerait une vie de bohême. Il n’est pas trop du style à errer avec des artistes locaux et des femmes voluptueuses, en philosophant sur la vacuité du monde et en fumant des cigarettes jusqu’au bout de la nuit.

Non. Dans ce livre , Kennedy ne craint pas de nous montrer le Paris qui se cache, celui que les touristes ne connaissent pas et que les écrivains décrivent tellement peu : bienvenue dans le Paris du Xème arrondissement, celui des hôtels miteux, des petits trafics louches, des malfrats de quartiers, des cybercafés sales, des chambres de bonnes sordides avec toilettes sur le palier, et des kebabs graisseux. Fini, le Paris de cartes postales pour artistes romantiques. Nous avions peut-être besoin d’un américain, pour observer d’un œil extérieur et objectif les réalités de ce Paris underground …

Dans ce roman, on retrouve au cours de ce séjour dans un Paris sordide et plein de pièges, les thèmes favoris de l’auteur : solitude, désespérance, complot, implications injustes, problèmes familiaux, vengeance — et revanche ! Sauf qu’au dernier quart du roman, on bascule soudain dans un fantastique très tendance que ne renierait pas un Marc Lévy… Et si c’était vrai ? Euh… non. Ce n’est pas vrai. Et pour une fois, on a du mal à y croire !

En guise d’excuse à cette entorse inattendue, Douglas Kennedy nous offre en guise de conclusion la phrase : « je plaide coupable ».

 

L’auteur:

Douglas KennedyDouglas Kennedy, né le 1er janvier 1955 à Manhattan, New York, est un écrivain américain qui décrit d’un œil acerbe certains côtés des États-Unis d’Amérique, dénonçant notamment le paradoxe du puritanisme religieux. Il grandit dans l’Upper West Side, étudie à la Collegiate School (le plus vieux lycée de New York) et au Bowdoin College dans l’État du Maine, avant de partir un an au Trinity College de Dublin en 1974.

De retour à New York, il passe plusieurs mois à travailler, sans succès comme régisseur dans des théâtres de Broadway.

En mars 1977, entre deux productions, il décide de partir à Dublin pour rendre visite à des amis. Vingt-six ans plus tard, il habite toujours de ce côté-ci de l’Atlantique.

À Dublin, il devient cofondateur d’une compagnie de théâtre. Il rejoint ensuite le National Theatre of Ireland en tant qu’administrateur de la branche expérimentale. Il y passe cinq années (1978-1983), pendant lesquelles il commence à écrire, la nuit.

En 1980, il vend sa première pièce à la chaîne de radio britannique BBC Radio 4 qui lui en commandera deux autres. La pièce est aussi diffusée en Irlande et en Australie. Suivent deux autres pièces radiophoniques, également diffusées sur Radio 4.

En 1983, il démissionne de son poste au National Theatre of Ireland pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Pour survivre, il devient journaliste indépendant, notamment pour l’Irish Times où il tient une rubrique de 1984 à 1986.

En 1986, sa première pièce pour la scène est un échec désastreux, tant critique que public. Peu de temps après, l’Irish Times supprime sa rubrique.

En mars 1988, il déménage à Londres, au moment où son premier livre, un récit de voyage, est publié. Deux autres suivront. Ces trois livres reçoivent un très bon accueil critique. Parallèlement, sa carrière de journaliste indépendant connaît également un essor.

En 1994, paraît son premier roman « Cul-de-sac ». En 1997, il est porté à l’écran par Stephan Elliott, le réalisateur de Priscilla, folle du désert.

Son deuxième roman, « L’Homme qui voulait vivre sa vie », connaît un succès international. Il est traduit en seize langues et fait partie de la liste des meilleures ventes.

Son troisième roman, « Les Désarrois de Ned Allen » est aussi un best seller et un succès critique, traduit en quatorze langues.

« La Poursuite du bonheur » marque un changement radical. Après trois romans que l’on pourrait décrire comme des thrillers psychologiques, il opte pour une histoire d’amour tragique. Il reçoit un excellent accueil critique. La Poursuite du bonheur est traduit en douze langues et se retrouve en course pour le Prix des Lectrices de Elle.

Ont suivi « Rien ne va plus » (Belfond, 2002 ; Pocket, 2004), Prix littéraire du Festival du cinéma américain de Deauville 2003, « Une relation dangereuse » (Belfond, 2003 ; Pocket, 2005) qui confirme son succès critique et public, « Au pays de Dieu » (Belfond, 2004 ; Pocket, 2006), l’un de ses trois récits de voyage, « Les Charmes discrets de la vie conjugale » (Belfond, 2005 ; Pocket, 2007), « La Femme du Vème » (Belfond, 2007 ; Pocket, 2009), « Quitter le monde » (Belfond, 2009 ; Pocket, 2010) et « Cet instant-là » (Belfond, 2011).

Parfaitement francophone, divorcé (il a été marié de 1985 à 2009 à Grace Carley, conseillère politique au Royaume-Uni, au ministère de la Culture) et père de deux adolescents, Max et Amelia, Douglas Kennedy vit entre Londres, Paris, Berlin et Wiscasset dans l’État du Maine où il a acheté une maison.

Il est aujourd’hui un des auteurs favoris des Français, avec plus de 5 millions d’exemplaires vendus pour l’ensemble de son œuvre (toutes éditions confondues), dont plusieurs romans sont en cours d‘adaptation cinématographique.

À paraître en mai 2012, « Combien ? », son troisième récit de voyage rédigé à la fin des années 1980 et inédit en France. Dans la lignée d’ »Au pays de Dieu » et d’ »Au-delà des pyramides », une odyssée à travers les places financières du monde pour une étude drôle et piquante sur notre rapport à l’argent. Loin des clichés, porté par la plume géniale de Douglas Kennedy, un document qui n’a rien perdu de son actualité, bien au contraire…                                

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