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… vu par Arlette

Schmitt Éric-Émmanuel ♦ La rêveuse d’Ostende

La rêveuse d’Ostende Pour guérir d’une rupture sentimentale, un homme se réfugie à Ostende, ville endormie face à la mer du Nord.

Sa logeuse, la solitaire Anna Van A, va le surprendre en lui racontant l’étrange histoire de sa vie, où se conjuguent l’amour le plus passionné et un érotisme baroque. Superbe mystificatrice ou femme unique ?

Cinq nouvelles, cinq portraits, tantôt émouvants, tantôt acerbes, tantôt amusants, de personnages que l’on croise quotidiennement et qui, sous la plume de ce merveilleux conteur qu’est Eric-Emmanuel Schmitt, prennent une dimension on ne peut moins quotidienne dans laquelle le rêve et l’imagination prennent une large part.

    La première nouvelle, « La rêveuse d’Ostende » qui donne son titre au recueil, est un bien joli conte de fées avec un prince et une bergère, un portrait de femme qui a aimé « d’un amour essentiel, dont on ne se remet pas ».

    Elle est désormais clouée dans une chaise roulante, soignée avec gentillesse par sa nièce et accueille l’auteur dans sa maison, alors qu’il est venu se remettre d’une histoire d’amour fini. Un jour, elle le juge signe d’écouter son histoire.

    Où commence le mythe, où se termine la vérité dans cette surprenante histoire qu’est la vie d’Emma Van A ?

    Pour la nièce, la tante prend ses rêves pour des réalités, pour le visiteur l’histoire résonne avec tous les accents d’une vérité mélancolique, même enjolivée. La fin d’Emma, comme celle de son histoire, le surprendra. Et puis, l’auteur parle si joliment de la côté belge, saccagée par les promoteurs, et pourtant si belle lorsque les vacanciers en sont absents.

    Avec « Crime Parfait », Schmitt nous fait pénétrer dans les remous d’une âme jusque là paisible, convaincue de l’amour de son époux et où le doute s’est inséré un jour.

    Une nouvelle digne d’un « roman noir » à la William Irish, aussi sombre et dramatique que ce dernier pouvait l’écrire.

    « La guérison » est la très jolie histoire d’une jeune infirmière qui pense qu’elle est laide, jusqu’à ce que l’un des malades qu’elle soigne, rendu aveugle par un accident grave ayant endommagé la colonne vertébrale, commence à lui faire comprendre qu’on n’est pas laid parce qu’on n’est pas maigre. Il va lui faire prendre conscience de son corps, de sa sensualité. Cette improbable rencontre des corps et des âmes va donner à Stéphanie la confiance en elle qu’elle n’a jamais eue.

Cette nouvelle est un véritable petit bijou de tendresse et une ode aux femmes un peu rondes qui ne se sentent pas belles parce que pas maigres.

Dans « Les Mauvaises Lectures », un professeur d’université totalement adversaire à tout ouvrage de fiction, ne lisant que de la non-fiction, des ouvrages « utiles » et de référence, découvre alors qu’il est en vacances avec sa cousine, les charmes d’un polar à la Dan Brown. Traitant, comme il se doit, le livre par le mépris devant sa cousine, il devient en réalité totalement accroc à ce bouquin et à celle qui mène l’enquête. Mais il est aussi terrorisé par des bruits et un visiteur mystérieux dans la villa.

Bref un presque thriller teinté d’humour noir et de sarcasme.

« La femme au bouquet » est la mélancolique aventure d’une dame que chacun connaît à la gare de Zurich, qui attend quelqu’un depuis des années, qui fait partie du décor en quelque sorte depuis le temps qu’elle vient là.

Chacun brode autour de celui ou celle que la femme au bouquet attend, jusqu’au jour où paraît la personne en question. Petite nouvelle, très courte, emplie de cette mélancolie que suscite chez moi les trains en partance ou en arrivée.

Cinq nouvelles qui se construisent autour du thème de l’imagination.

Dans La rêveuse d’Ostende, le narrateur fait la connaissance d’une vieille dame lui confiant le récit d’une histoire d’amour de jeunesse extraordinaire.

Dans Crime parfait, Gaby revient sur les raisons qui l’ont poussée à supprimer son mari qu’elle aimait tendrement.

Dans La guérison, Stéphanie, une infirmière complexée, retrouve le goût de vivre au contact d’un patient séduisant.

Éric-Emmanuel Schmitt

Eric-Emmanuel Schmitt    Éric-Emmanuel Schmitt est né le 28 mars 1960 à Sainte-Foy-lès-Lyon, dans le département du Rhône (France) est un dramaturge, nouvelliste, romancier et réalisateur franco-belge. Installé à Bruxelles depuis 2002, il a obtenu la naturalisation belge en 2008. Fils de professeurs d’éducation physique, son père était kinésithérapeute dans des cliniques pédiatriques, son grand-père était artisan et sa grand-mère femme au foyer, il a préféré les études littéraires au sport.

    Dans l’édition « Classiques & contemporains » de La Nuit de Valognes, il est déclaré que Schmitt se peint lui-même comme un adolescent rebelle, ne supportant pas les idées reçues et parfois victime d’accès de violence.

    Mais selon lui, la philosophie l’aurait sauvé en lui apprenant à être lui-même et à se sentir libre.

    Un jour, sa mère l’emmène voir une représentation de Cyrano de Bergerac avec Jean Marais. L’enfant est bouleversé jusqu’aux larmes et le théâtre devient sa passion.

    Il se met alors à écrire. Il dira plus tard : « À seize ans, j’avais compris – ou décidé – que j’étais écrivain, et j’ai composé, mis en scène et joué mes premières pièces au lycée. » Pour améliorer son style, il se livre avec fougue et ferveur à des exercices de réécriture et de pastiche, en particulier de Molière.

    Après une khâgne au Lycée du Parc, Schmitt réussit le concours d’entrée de l’École normale supérieure. Il y étudie de 1980 à 1985 et en sort agrégé de philosophie. Sa thèse de doctorat, soutenue en 1987, a pour titre « Diderot et la métaphysique ». Elle sera publiée en 1997 sous le titre « Diderot ou la philosophie de la séduction ».

    Schmitt enseigne un an au lycée militaire de Saint-Cyr pendant son service militaire, puis trois ans à Cherbourg et à l’université de Chambéry. Diplômé de l’Ecole Normale Supérieure d’Ulm et agrégé de philosophie en 1983, ce passionné de littérature et de musique partage son temps entre ses cours de philosophie et de multiples lectures.

    Dans la nuit du 4 février 1989, lors d’une expédition au Sahara, il dit être sujet à une expérience mystique : le sentiment de l’absolu se révèle à lui. A ce moment, une phrase occupe toutes ses pensées : « Tout est justifié ». Il pense que c’est ce bouleversement qui lui fait franchir le cap pour passer à l’écriture.

Durant les années 1990, ses pièces de théâtre lui apportent un succès rapide, dans plusieurs pays. La première, La Nuit de Valognes, a été créée en septembre 1991 à l’Espace 44 à Nantes.

Sa deuxième pièce, Le Visiteur, obtient trois prix lors de la Nuit des Molières 1994. Il décide alors de se consacrer entièrement à l’écriture et quitte son poste de maître de conférence en philosophie.

En 1997 est créée Variations énigmatiques, avec Alain Delon et Francis Huster comme acteurs principaux.

En 1998, Frédérick ou le boulevard du crime est créée simultanément en France et en Allemagne, Jean-Paul Belmondo jouant dans la mise en scène originale au Théâtre Marigny.

En 2001, la pièce Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran est jouée et publiée en même temps en France et en Allemagne. En 2004, le livre a été vendu à plus de 250 000 exemplaires en France et 300 000 en Allemagne.

Schmitt a aussi écrit trois pièces en un acte, en général pour des causes humanitaires.

Francis Huster joue le diable dans L’École du diable, que Schmitt a écrite pour une soirée spéciale d’Amnesty International. Mille et une vies a été écrite pour l’opération La culture ça change la vie du Secours populaire.

Au début des années 2000, il compose plutôt des romans et des nouvelles. L’Évangile selon Pilate, publié en 2000, est un succès critique et de ventes sur un sujet touchant à l’histoire de Jésus-Christ. L’année suivante, Schmitt délivre un autre roman sur un personnage historique sujet à débat ; La Part de l’autre est une uchronie dans laquelle Adolf Hitler aurait réussi à entrer à l’École des beaux-arts de Vienne : son avenir et celui du monde en changent du tout au tout.

Il écrit ensuite une variation fantaisiste et satirique sur le mythe de Faust, Lorsque j’étais une œuvre d’art (2002).

Les récits de son Cycle de l’Invisible ont rencontré un immense succès aussi bien en francophonie qu’à l’étranger, aussi bien sur scène qu’en librairie.

Milarepa sur le bouddhisme, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, déjà cité, sur le soufisme, Oscar et la dame rose sur le christianisme, L’Enfant de Noé (2004)sur le judaïsme , Le sumo qui ne pouvait pas grossir (2009) sur le bouddhisme zen, sont dévorés par des millions de lecteurs de toutes les générations.

A la recherche de nouveaux modes d’expression, il publie une autofiction « Ma vie avec Mozart », simultanément dans 8 pays, de la Corée à la Norvège. Cette symbiose de paroles et musique sera portée en scène par des comédiens et solistes.

Dans la veine du premier film qu’il écrit et réalise, l’auteur nous propose un recueil de nouvelles : « Odette Toulemonde et autres histoires » célèbre la femme et sa quête du bonheur. Comme le livre, le film Odette Toulemonde fera le tour d’Europe.

La Rêveuse d’Ostende suivra fin 2007 pour rendre un bel hommage au pouvoir de l’imagination.

Un troisième recueil paraît en 2010 : Concerto à la mémoire d’un ange. Quatre histoires qui creusent cette question: sommes-nous libres ou subissons-nous un destin ? Pouvons-nous changer ?

Retour au roman en 2008 avec la publication d’Ulysse from Bagdad. Eric-Emmanuel Schmitt montre une fois de plus ses talents de « conteur caméléon » (dixit Fabienne Pascaud- Télérama) en racontant l’exode d’un de ces millions d’hommes qui, aujourd’hui, cherchent une place sur la terre: un clandestin. Epopée picaresque de notre temps qui interroge la condition humaine. Les frontières sont-elles le bastion de nos identités ou le dernier rempart de nos illusions?

Passionné de musique, et notamment de Mozart, Schmitt a touché à l’opéra avec la traduction en français de deux de ses œuvres : Les Noces de Figaro et Don Giovanni. Il a également composé des musiques et réalisé un CD.

Désormais, tout en continuant l’écriture romanesque et théâtrale, il se consacre à l’écriture cinématographique. Après Odette Toulemonde (2007) une comédie sur le bonheur avec Catherine Frot et Albert Dupontel, il adapte Oscar et la dame rose (2009) avec notamment Michèle Laroque, Max von Sydow, Amira Casar, Mylène Demongeot.

Schmitt est un des auteurs francophones contemporains les plus lus et les plus représentés au monde. Il a été traduit en 40 langues et joué dans plus de 50 pays.

Réputé pour être l’un des auteurs français les plus lus dans le monde, Eric-Emmanuel Schmitt est diplômé de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et agrégé de philosophie, une discipline qu’il a enseignée pendant plusieurs années.

Tout bascule après l’expérience d’un voyage dans le désert du Hoggar où il rencontre la foi.

Point de départ de sa carrière d’écrivain, il publie en 1991 sa première pièce, « La Nuit de Valognes » et rencontre un succès immédiat.

Le jeune dramaturge s’impose véritablement en 1993 avec « Le Visiteur ». Cette rencontre improbable entre Freud et Dieu lui permet de remporter trois Molières en 1994. Suivent alors de nombreuses pièces dont « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » ou « Petits crimes entre amis », qui suscitent à nouveau l’adhésion du public. Certaines de ses oeuvres sont adaptées à l’étranger et transposées au cinéma, avec Jean-Paul Belmondo, Alain Delon ou encore Omar Sharif dans les rôles titres.

Parallèlement, depuis 1997, Schmitt écrit des romans comme « La Secte des égoïstes », « L’ Evangile selon Pilate » ou son « Cycle de l’invisible », avec tout autant de réussite.

En 2007 sort le film « Odette Toulemonde » qu’il adapte lui-même d’après ses propres nouvelles.

Éternel aventurier des domaines littéraires, maintes fois récompensé, Eric-Emmanuel Schmitt et son univers optimiste véhicule l’image d’un écrivain populaire, extrêmement présent sur la scène culturelle française.

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