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… vu par Arlette

Zafon Carlos Ruiz ♦ L’ombre du vent

Ombre du ventLe récit débute à Barcelone, après la guerre civile, marquée par la défaite, la vie difficile, les haines qui rôdent toujours.

Un matin de 1945, un homme emmène le jour de son huitième anniversaire son petit garçon, Daniel Sempere, le narrateur, dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le cimetière des livres oubliés

une bibliothèque magique, un lieu mystérieux, connu de quelques libraires, où s’entassent les œuvres oubliées du grand public et auquel n’a accès qu’un petit groupe de privilégiés.

L’enfant, qui rêve toujours de sa mère morte et qui vit dans la crainte d’oublier le visage de celle-ci, est convié par son père, modeste boutiquier de livres, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Chaque personne qui y entre pour la première fois doit choisir un livre et l’adopter. Il va devoir « sauver » un livre, choisir celui qu’il devra, envers et contre tout, préserver, parmi les milliers qui se trouvent dans cet endroit fantastique. Il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l’entraîner dans de nombreux secrets : « L’Ombre du vent » de Julian Carax.

Le soir même, Daniel se plonge littéralement dans ce récit au pouvoir étrange, il est fasciné par l’intrigue et la qualité d’écriture de cet auteur dont il n’avait jamais entendu parler avant.

Il ne connaît rien de l’histoire ni de son auteur. Il sait simplement que Carax est parti vivre à Paris une dizaine d’années plus tôt et que depuis, un étrange bonhomme au visage effroyable passe son temps à brûler tous ses écrits. Pourquoi les romans de cet auteur mystérieux sont-ils brûlés les uns après les autres ? Pourquoi tant de mystère ?

Le temps passe, Daniel n’oublie pas Julian Carax, il se renseigne du mieux qu’il peut avec l’aide de son ami Fermin. Il n’a de cesse de retrouver les autres œuvres de cet écrivain, et surtout, de découvrir qui était cet homme.

Julian Carax est fils de chapelier. Il se lie d’amitié avec un gros client de son père, Jorge Aldaya dont il tombe éperdument amoureux de la sœur, Pénélope. Jorge les surprend. Julian s’exile à Paris pendant que Pénélope meurt en donnant naissance à un enfant mort-né.

Julian Carax serait mort en 1936, Daniel n’y croit pas. Ses recherches lui révèlent des informations biographiques troublantes. Il découvre que Carax était un brillant adolescent élevé par un homme qui n’est pas son père. Il avait trois amis inséparables qui ont pourtant pris chacun des chemins radicalement différents.

Au fur et à mesure de ses investigations, le voile se lève sur la biographie officielle de Carax mais pas sur le mystère de plus en plus lourd qui entoure sa vie.

Depuis qu’il possède ce roman il se sent surveillé, épié… Commence alors une quête qui durera plus de dix ans et qui ne sera pas sans danger pour notre héros

On y trouve de l’amour, des mensonges, des trahisons, des peurs, beaucoup de tragédies imbriquées les unes dans les autres et qui forment la trame de ce récit.

Avec en toile de fond, un personnage diabolique qui promène son ombre dans toute l’histoire et dans Barcelone, une ville présente à chaque page, que l’on entend respirer et soupirer. Des phénomènes étranges se produisent dans l’histoire, des fleurs qui fanent en quelques minutes ou du lait qui se teinte de rouge lors de la première lune mensuelle.

Ce récit est magnifique. Surréaliste et nostalgique, plein de poésie et de violence.

L’auteur :

Carlos Ruiz ZafonCarlos Ruiz Zafón, né le 25 septembre 1964 à Barcelone, est un auteur espagnol. Il écrit principalement en castillan.

Il habite depuis 1993 à Los Angeles où il écrit des scénarios de films.

À l’âge de quatorze ans, Carlos Ruiz Zafon écrit son premier roman, une histoire truculente de 500 pages.

À dix-neuf ans, il choisit de commencer sa carrière dans la publicité, qu’il quitte pour se consacrer à son roman El principe de la niebla (Le Prince du brouillard, 1993). Ce roman se vend à 150.000 exemplaires. Traduit en plusieurs langues, il recevra le prix Edebé en 1993, puis en 2004 le prix Planeta pour son roman « L’Ombre du vent ».

Son quatrième roman, L’Ombre du vent a reçu un bon accueil de la critique et a été traduit en de nombreuses langues. Il a été sélectionné dans les romans étrangers pour le prix Femina 2004. Il a reçu aussi des prix littéraires français, comme le Prix des Amis du Scribe et le Prix Michelet en 2005, ainsi qu’au Québec, comme le Prix des libraires du Québec 2005 (Roman hors Québec).

Bouille ronde, lunettes à la monture colorée et bouc bien taillé, Zafon est le vilain petit canard du cercle littéraire espagnol. Il déserte les colloques d’écrivains, fuit les mondanités. D’ailleurs, il ne vit même pas en Espagne. Il habite entre Los Angeles et Berlin. Son roman, bon ouvrage, un pavé de 672 pages, diffère également des romans actuels. Ici, pas de drames psychologiques à la Javier Marias, ni de grandes fresques historiques à l’Arturo Perez-Reverte.

Avec le Jeu de l’ange, Zafon renoue avec un genre qui a toujours fait fureur en Espagne: le thriller fantastique. Le lecteur ibérique raffole des intrigues où la réalité côtoie le fantastique, et le religieux, l’occulte. Les romans sur les mystères des pyramides, les secrets des constructeurs des cathédrales, les pouvoirs cachés des francs-maçons ou ceux de Stephen King et Umberto Eco cartonnent en librairies.

La littérature de Zafón se caractérise par un style élaboré ainsi que d’une influence certaine de la narration audiovisuelle, de l’esthétique gothique et expressionniste et de la combinaison de beaucoup d’éléments narratifs dans un registre techniquement contrôlé. Cette technique, cette maîtrise du langage et de la structure narrative lui permettent de combiner des éléments différents du roman traditionnel du XIXe siècle. Zafón en fait un emploi impactant des images et des tissures à force sensorielle.

Zafón est de la même manière un créateur de personnages, ce à quoi s’ajoute une utilisation de la tension et de la construction narratives, ce qui lui permet d’articuler des trames d’une complexité avec une simplicité et une facilité trompeuses.

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