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… vu par Arlette

De Vigan Delphine ♦ No et moi

Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies. 

Intellectuellement précoce, c’est une élève brillante et isolée. A la fois rêveuse, intelligente et introvertie, Lou est une fille à part. Fille unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée après la mort d’un bébé et un père champion de la bonne humeur feinte mais prisonnier de son impuissance, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde. 

En classe, les autres élèves l’appellent « le cerveau ». Pour Lucas et « son air de bagarre » – les mauvais garçons au sourire d’enfant, ça a toujours fasciné les fortes en thème – elle est « Pépite ».

Dans le cours de l’exigeant Monsieur Marin, cette élève surdouée choisit pour thème de son exposé « La situation des sans-abris ». Cette idée lui est venue à la gare d’Austerlitz, où elle prend plaisir à regarder les gens.

C’est là que Nolwenn, 18 ans, SDF, No pour les intimes, a demandé du feu à Lou. No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence.  No, privée d’amour, rebelle, sauvage.  No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.

Les deux filles ont sympathisé. Puis se sont séparées. No est restée sur le quai. Lou est rentrée au chaud.

Mais la connaître, tenter de devenir son amie, ne suffit pas ; l’adolescente se met en tête de la sortir de là, comme on dit, et, avec Lucas, ils lèvent une armée du salut à deux combattants pour une opération de sauvetage, trop grande pour eux.

 Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.

Roman d’apprentissage, « No et moi » est un rêve d’adolescence soumis à l’épreuve du réel. Un regard d’enfant précoce, naïf et lucide, posé sur la misère du monde. Un regard de petite fille grandie trop vite, sombre et fantaisiste. Un regard sur ce qui nous porte et ce qui nous manque, à jamais.

 

Delphine De Vigan

  Delphine de Vigan est une romancière française née le 1er mars 1966 à Boulogne-Billancourt. Elle est l’auteur de cinq romans dont l’avant-dernier en 2007 a été couronné par le Prix des libraires.

 Jusqu’à l’âge de douze ans, Delphine de Vigan vit en banlieue parisienne. Elle n’a pas la télévision, dessine sur les murs, fait des farces au téléphone, des maisons en carton et des crocodiles en perles. Elle lit Lucky Luke, Gaston Lagaffe, a peur du chien jaune du voisin et part l’été dans une 403 peinte en vert pomme.           La vie se complique un peu, comme cela arrive souvent, et Delphine part avec sa sœur vivre à la campagne, change de décor, d’univers, d’éducation. Passée directement de Rantanplan à Madame Bovary, elle aime Maupassant, Dostoïevski, écrit des poèmes, des nouvelles, des lettres.

 A dix-sept ans, Delphine de Vigan revient à Paris pour entrer en classe prépa, étant parallèlement démonstratrice en hypermarchés pour diverses marques de fromages et de steak haché, scripte dans des réunions de groupe, hôtesse d’accueil.

 Quelques mois plus tard, elle cesse de s’alimenter, peut-être pour ne plus grandir. Une fois sortie de l’hôpital, elle se dit qu’un jour elle écrira un livre, pour raconter ça, et peut-être d’autres choses, si elle parvient à oublier qu’elle a tant lu. Guérie, elle se rend compte que la vie n’est pas si compliquée. Elle reprend des études, trouve un travail, rencontre un Grand Amour, a deux enfants magnifiques et drôles.

 Quand tout lui semble paisible et doux autour d’elle, elle écrit un manuscrit sous le pseudonyme de Lou Delvig qu’elle envoie par La Poste. Ce sera « Jours sans faim » (Grasset, 2001). Il s’agit d’un roman autobiographique sur le combat et la guérison d’une anorexique de 19 ans.

Au-delà de ce livre, il y a l’envie d’écrire.

Après « Jours sans faim », elle écrit un recueil de nouvelles sur l’illusion amoureuse « Les Jolis Garçons », bref roman (150 pages) constitué par trois histoires d’amour d’une jeune femme, Emma (JC Lattès, 2005). Parfois, elle doute encore de sa légitimité à écrire, c’est quelque chose qui la hante, lui fait perdre du temps, mais cette nécessité l’habite. Elle se remet au travail.

Puis, creusant le thème des difficultés amoureuses et de la mémoire, elle a publié en 2006 « Un soir de décembre », qui a obtenu le Prix littéraire Saint-Valentin 2006. Les jurés ont récompensé « l’impertinence du discours,  la pertinence du style et la modernité littéraire au service du genre  amoureux ».

Explorant une thématique nouvelle, « No et moi » est paru en 2009 aux éditions Lattès. Ce « roman moral » à succès sur une adolescente surdouée qui vient en aide à une jeune SDF a été récompensé par le prix du Rotary International 2009 et par le Prix des libraires 2009. Il a été traduit en vingt langues et une adaptation au cinéma a été réalisée par Zabou Breitman, film sorti le 17 novembre 2010.

 En 2008, elle a participé à la publication de « Sous le manteau », un recueil de cartes postales érotiques des années folles.

En 2009, elle a été récompensée par le « prix du roman d’entreprise », décerné par deux cabinets de conseil (Place de la Médiation et Technologia) avec le soutien du ministre du travail de l’époque Xavier Darcos, pour ses « Heures souterraines » (Jean-Claude Lattès). Elle n’a pas souhaité se rendre à la remise du prix.

Figurant sur la liste des œuvres sélectionnées par l’Académie Goncourt en 2009, elle est lauréate de la 12e édition du prix décerné en Pologne « Liste Goncourt : le choix polonais » à l’initiative de l’Institut français de Cracovie.

Aujourd’hui, elle vit de sa plume depuis 2007.

Le 16 juin 2010, Delphine de Vigan a obtenu le prix des lecteurs de Corse, pour ses « Heures souterraines ».

Mêlant avec justesse les dimensions sociale et intime, l’écrivain poursuit dans ce registre avec le roman « Les Heures souterraines », paru en 2009. Si ses romans traitent souvent du désenchantement, Delphine de Vigan incarne le succès d’une littérature modeste et sans esbroufe et la possibilité de réussir à force de talent et de persévérance.

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