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… vu par Arlette

Hosseini Khaled ♦ Mille soleils splendides

Ce roman de plus de 400 pages, en quatre parties, est un des plus terribles que j’ai jamais lus.

Il se déroule en Afghanistan pour l’essentiel, couvre 50 ans d’histoire afghane, de la monarchie à la république, de la période communiste à la période taliban en passant par la période moudjahidine, de l’intervention soviétique à l’intervention américaine, de la destruction des Bouddhas géants de Bamian par les talibans à la reconstruction de Kaboul après leur chute suite aux attentats du 11 septembre 2001, quand Bush déclara la guerre à Al Quaida, à Oussama ben Laden, au mollah Omar, aux talibans, au terrorisme mondial, à l’axe du mal par l’axe du bien.

 50 ans d’histoire afghane, vécue à travers ce que vivent quelques femmes, au quotidien, loin des enjeux, des conflits, des revirements d’alliances. 50 ans de quotidien marqués par des coutumes ancestrales immuables, par des évolutions passagères (quand les communistes sont au pouvoir, les filles et les femmes se libèrent, accèdent à l’école et au travail ; il en sera de même après la chute des talibans, avec l’arrivée des troupes américaines), par des régressions d’une violence inouïe quand les talibans triompheront des seigneurs de guerre, divisés entre eux après avoir été unis contre les soviétiques (les Américains n’étant pas pour rien dans les revirements et par suite les malheurs du peuple afghan).

 

Ces femmes ont pour noms ou prénoms : Nana, Mariam, Laila.

La première partie est consacrée à Nana et à Mariam, au père de Mariam, Jalil.  Mariam étant une bâtarde, une harami que son père Jalil, qui compte parmi les hommes les plus riches d’Herat, vient visiter une fois par semaine. Mariam vit seule avec sa mère, répudiée par sa famille pour avoir été la maîtresse de son employé, le grand et riche Jalil. La petite fille idolâtre son papa, qui lui rend visite une fois par semaine, et refuse de donner foi aux propos acrimonieux de sa mère, rendue jalouse et haineuse par le temps. Pour son quinzième anniversaire, Mariam émet une demande : se rendre au cinéma, dans la ville de son père. Mais le rendez-vous tourne au cauchemar et aura des conséquences désastreuses sur la vie de la jeune fille.

À la mort de sa mère par un suicide, Mariam est autorisée à s’installer chez lui et est bientôt mariée avec l’une de ses relations d’affaires,Rachid, de 30 ans plus âgé, un concentré de mâle et de violence, elle subit pendant 18 ans, la vie et les assauts sans succès (fausses couches) que lui impose ce tyran domestique, l’obligeant à la burka, la battant, l’humiliant… « Mariam n’ayant jamais porté de burqa, Rachid dut l’aider à enfiler la sienne. La partie rembourrée au sommet, lourde et un peu étroite, lui enserrait le crâne comme un étau, et le fait de voir à travers le grillage lui parut très étrange. Elle s’entraîna à marcher avec dans sa chambre mais, comme elle était déstabilisée par la perte de sa vision périphérique et que l’étoffe se collait contre sa bouche, l’empêchant de respirer, elle ne cessait de trébucher, se prenant les pieds dans l’ourlet de la robe. »

Après dix-huit années de souffrance, elle assiste à l’arrivée de Laila, la nouvelle épouse. De rivales, les deux femmes vont devenir alliées…

 

La deuxième partie est consacrée à Laila, qui a grandi à Kaboul dans un foyer aimant et stable. Son père est un intellectuel. Il enseigne la poésie, et sa mère a un caractère difficile mais supportable. Elle a surtout peur pour ses fils, partis au combat (nous sommes dans les années 80) et va d’ailleurs perdre la raison en apprenant leur mort. Laila a heureusement son meilleur ami Tariq, l’éclopé, pour l’aider à surmonter le quotidien morose à la maison, jusqu’au jour où celui-ci annonce qu’il doit quitter le pays avec ses parents. Un monde s’écroule, noyé sous les bombardements, perdant sa famille et sa maison dans l’explosion d’une roquette tirée par Hekmatiar ou par Massoud, deux des seigneurs de guerre afghans.

 

La troisième partie est consacrée au mariage de Rachid, 60 ans et de Laila, 14 ans, celle-ci l’épousant parce qu’elle se sait enceinte de Tariq puis aux rapports tendus entre Rachid, Laila, Mariam, les deux femmes séparées par 17 ans, d’abord rivales puis devenant solidaires contre Rachid, aux rapports très différents de Rachid à Aziza, la fille de Tariq (mais il ne le sait pas, le devine peut-être), à Zalmai, son fils et au retour de Tariq, après sept ans en prison pour trafic de drogue au Pakistan. Cette partie s’achève avec le meurtre de Rachid lors d’une dispute d’une violence extrême alors qu’il étrangle Laila qui a osé accueillir Tariq chez lui, comprenant qu’Aziza n’est pas sa fille. Mariam porte le coup de pelle fatal qui sauve Laila. Elle se dénonce aux talibans et après un procès d’un quart d’heure, elle est condamnée à mort et sera exécutée 10 jours plus tard, en public sur le stade Ghazi.

Toutes deux, dans un pays ravagé par la guerre où les talibans imposent leurs lois barbares, inhumaines, brûlent les livres, interdisent tout simplement de vivre, vont s’allier pour essayer de fuir cette tyrannie, en espérant trouver la liberté.

 

La quatrième partie est consacrée à la vie en exil de Tariq, Laila, Aziza, Zalmai, enfin ensemble et heureux. La libération de Kaboul étant intervenue, Laila veut revenir dans sa ville. C’est le retour au pays, la visite à Herat et à la kolba au milieu de la clairière, où vécurent Nana et Mariam, Mariam attendant la visite hebdomadaire de son père à l’insu de ses femmes légitimes, la découverte de la dernière lettre de Jalil à Mariam, l’harami qu’il n’a pas su imposer comme sa fille à ses femmes et à ses dix autres enfants. Laila a enfin trouvé le travail qui lui convient : professeur dans l’orphelinat où fut accueillie Aziza lorsqu’ils mourraient de faim, travail identique à celui de son père, Babi, avant que les moudjahidines ne fassent tomber le régime communiste.

 

 

L’auteur :

  Khaled Hosseini né le 4 mars 1965 à Kaboul, est un écrivain américain d’origine afghane, installé en Californie.

 Cadet de cinq enfants, fils d’un diplomate et d’une professeur de farsi dans une école de filles, Khaled Hosseini suit les affectations de sa famille, d’abord en Iran (1970), revient à Kaboul en 1973, puis à Paris en 1976 où son père occupe une fonction diplomatique à l’ambassade d’Afghanistan. En 1980, plutôt que de retourner dans leur pays d’origine, occupé depuis 1979 par les Soviétiques, les Hosseini obtiennent l’asile aux États-Unis, à San José en Californie.

 Ayant obtenu son bac en 1984 et rejoint en 1988 l’université de Santa Clara où il obtient une licence en biologie, l’année suivante, il entre en faculté de médecine à l’université de Californie à San Diego où il obtient son doctorat en 1993. Il complète sa formation en tant que médecin interne au Cedars-Sinai Medical Center de Los Angeles en 1996 où il exerce toujours en tant que médecin.

 Marié et père de deux enfants, Khaled Hosseini vit actuellement dans le nord de la Californie et a été nommé ambassadeur par l’agence des Nations unies pour les réfugiés, l’UNHCR, en 2006. « En tant qu’originaire d’Afghanistan, un pays où la population de réfugiés est l’une des plus importantes du monde, la question des réfugiés est une cause dont je me sens proche et qui est chère à mon cœur. Mon rôle est de parler au nom de cette cause et d’être l’avocat public des réfugiés du monde entier. »

 Il a obtenu un succès littéraire en 2003 grâce à son premier roman, écrit en anglais,The Kite Runner, en français « Les Cerfs-volants de Kaboul », devenu culte aux États-Unis et dans de nombreux autres pays où il est déjà traduit en douze autres langues (en Italie, il en est déjà à 33e édition depuis 2004). Dreamworks a acheté les droits de ses deux romans pour en faire deux films (le premier par Marc Forster).

 Il fait l’éloge de l’UNHCR dans l’épilogue de son deuxième roman, A Thousand Splendid Suns (Mille soleils splendides), en tant qu’envoyé de bonne volonté de cette organisation.

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