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… vu par Arlette

Adam Olivier ♦ Les Lisières

Donné favori pour le prix Goncourt 2012, Les Lisières, d’Olivier Adam, n’a pas été retenu dans la première sélection.

  Les classes modestes et moyennes ont quitté le cœur des villes pour aller vivre en banlieue. L’écrivain Olivier Adam qui est né dans l’Essonne appelle ces territoires des lisières. C’est le titre de son nouveau et beau roman sur cette France qui a le sentiment d’être oubliée. L’histoire d’un écrivain célèbre, qui comme lui, revient voir sa famille en banlieue parisienne.

Quand s’ouvre le roman, Paul Steiner, écrivain, installé en Bretagne, est en crise. Sa femme l’a quitté, il est expulsé de sa maison, de sa vie, souffre d’être séparé de ses enfants. Appelé à la rescousse par son frère, il revient vers la banlieue parisienne où il a grandi : sa mère, victime d’un accident, est une charge trop lourde pour son père. Steiner va ainsi faire le chemin inverse de sa vie, qui l’a conduit d’une « lisière » à l’autre, de la banlieue, matrice de sa personnalité, à ce « finistère » ouvert sur le large, où il a trouvé refuge.

  Entre son ex-femme dont il est toujours amoureux, ses enfants qui lui manquent, son frère qui le somme de partir s’occuper de ses parents  » pour une fois « , son père ouvrier qui s’apprête à voter FN et le tsunami qui ravage un Japon où il a vécu les meilleurs moments de sa vie, tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence. De retour dans la banlieue de son enfance, il va se confronter au monde qu’il a fondé et qu’il a fui. En quelques semaines et autant de rencontres, il va se livrer à un véritable état des lieux personnel, social et culturel.

Du plus loin qu’il s’en souvienne, Paul Steiner a toujours été en fuite. Il a fui des lieux -la banlieue grise où il a grandi, Paris et même la France-, des gens -sa famille, ses amis-, le travail -en devenant écrivain et scénariste pour ne plus être soumis ni à un chef ni à des horaires, son milieu -en quittant le monde ouvrier, et surtout il s’est fui lui-même, son mal-être, ce qu’il appelle sa « Maladie ».

La quarantaine n’a pas calmé ses démons intérieurs et sa femme s’est lassée. Depuis 6 mois, Paul est donc séparé de Sarah. Il s’est installé dans un petit appartement avec vue sur cet océan qu’il aime tant, pas trop loin de la maison familiale mais ses enfants lui manquent et il est toujours éperdument amoureux de sa femme.

Quand son frère l’appelle pour le sermonner et lui demander de venir s’occuper un peu de ses parents, c’est la mort dans l’âme qu’il retourne sur les terres de son enfance pour un voyage au pays des souvenirs.

  Au fil de ses rencontres avec ses anciennes relations, des lieux qui l’ont forgé, de ce passé qu’il a tenté de tenir à distance, c’est un autoportrait que brosse le héros-narrateur. Celui d’un « être périphérique », né « en bordure du monde », et, pour cette raison, toute sa vie en porte-à-faux, excentré, rejeté, à la fois présent et absent, à l’intérieur et à l’extérieur. Seule l’écriture aura pu le sauver, lui donner une structure et un but, lui permettre d’« habiter le monde ». Roman d’une grande ambition, bouleversant par les questions qu’il soulève, Les Lisières est ainsi un livre très singulier, mais aussi éminemment politique. Une vision de l’époque, aiguë et engagée.

On y retrouve ses grands thèmes: la banlieue et ses douleurs, la famille et ses crises, et son double de papier, Paul Steiner, qui arrive, bien secoué, au seuil de la quarantaine. Les lisières, ce sont les lieux et les chemins de Steiner, de la province où il a trouvé fragile refuge jusqu’à la ville de banlieue où il doit retourner, mère malade. L’occasion d’un bilan sur lui, et sur un pays qui a peut-être perdu le nord. Les troublantes similitudes entre l’auteur et son héros amènent à se demander où s’arrête la fiction et où commence la part autobiographique. 

 

L’auteur :

Olivier Adam est un écrivain français né le 12 juillet 1974 à Draveil, près de Paris.

Il a grandi en région parisienne et vit maintenant en Bretagne. Il a participé à la création du festival littéraire Les correspondances de Manosque. Il est actuellement édité par les Éditions de l’Olivier et aux éditions L’École des loisirs pour ses œuvres pour la jeunesse.

Il suit des études de gestion d’entreprises culturelles. Puis, après un « trou noir » de quelques années où il commence à écrire, il participe en 1999 à la création du festival littéraire « Les correspondances de Manosque ».

En 2000, Olivier Adam publie aux éditions du Dilettante son premier roman, « Je vais bien ne t’en fais pas », qui connaîtra un certain succès (160.000 exemplaires vendus en poche après l’adaptation au cinéma en 2006).

Il signe ensuite avec les éditions de l’Olivier où il publie « A l’Ouest » (2001), « Poids léger » (2002), « Passer l’hiver » (recueil de nouvelles, Prix Goncourt de la Nouvelle 2004 et Prix des Éditeurs 2004), « Falaises » (2005, sélectionné dans 13 prix littéraires sans obtenir aucune récompense) et « À l’abri de rien » (2007, Prix du Premier prix 2007 et favori du Prix Goncourt 2007).

Entre-temps, en 2003, il devient directeur de collection aux éditions du Rouergue.

Parallèlement, Olivier Adam écrit aussi plusieurs ouvrages pour la jeunesse, publiés pour la plupart à l’École des Loisirs: « On ira voir la mer » (2002), « La Messe Anniversaire » (2003), « Sous la pluie » (2004), « Douanes » (2004, éditions Page à page) « Comme les doigts de la main » (2005) et « Le jour où j’ai cassé le château de Chambord « (2005).

Il publie par ailleurs régulièrement des textes courts dans les revues littéraires et anime des ateliers d’écriture en milieu scolaire.

Pour le cinéma, outre la co-scénarisation de ses romans « Je vais bien ne t’en fais pas », adapté en 2006 par Philippe Lioret, « Poids léger » adapté en 2004 par Jean-Pierre Améris et « Sous la pluie » en cours d’adaption par Patrick Goyette), Olivier Adam a co-signé les scénarios de « L’été indien » d’Alain Raoust (2007) et de « Maman est folle » de Jean-Pierre Améris (2007, téléfilm).

Très influencé par la littérature américaine contemporaine (John Fante, Raymond Carver, Richard Ford,…) mais aussi par une certaine famille d’écrivains français des années ’40 et ’50 (Henri Calet, Georges Hyvernaud, Georges Perros,…), n’hésitant pas à aborder des thématiques sociales et politiques, Olivier Adam a su s’imposer très vite comme un auteur qui compte dans la nouvelle génération d’écrivains français. Côté filiations cinématographiques et musicales, on rapproche souvent son univers et son style de ceux d’auteurs comme Maurice Pialat, Leonard Cohen ou encore Christophe Miossec.

Depuis 2005, Olivier Adam vit avec sa compagne, l’auteur de livres pour enfants, Karine Reysset, à Saint-Malo, où il partage son temps entre la littérature et le cinéma.



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